En prélude au Conseil
interministériel prévu sur la couverture médicale universelle, une rencontre de
partage avec les différents acteurs sur le document devant être présenté
aux autorités pour validation, a eu lieu hier vendredi à Dakar. Une occasion
saisie par les syndicats du secteur pour interpeller les autorités sanitaires
leur demandant d'avoir le courage de tenir le langage de la vérité au président
Macky Sall par rapport aux maux qui plombent le système sanitaire. Pour les
syndicats, ceci est un préalable à la couverture médicale universelle.
Après les concertations
nationales tenues au mois de janvier dernier sur la couverture médicale
universelle, les acteurs du secteur se sont retrouvés à nouveau hier
vendredi pour se pencher sur le document devant être présenté au Conseil
interministériel avant la mise en œuvre des engagements pris par le Chef de
l’Etat. En effet, en dépit de l’empressement des Sénégalais de voir le
démarrage de ce projet, des inquiétudes planent quant à sa réussite sans
l’accomplissement de certains préalables. Sur ces questions,
l’ensemble des acteurs, sous la houlette de Saliou Faye Daf, le vice président
de la Convergence Sutsas Sas, ont mis les pieds dans le plat demandant vivement
aux autorités de ne pas brûler des étapes pour passer à l’échelle de la
couverture médicale universelle. Ils estiment qu’il est bien nécessaire de
procéder d’abord à un diagnostic sans complaisance du système sanitaire
avant de penser à la couverture médicale universelle. Selon eux, il y a
lieu d’informer juste et vrai le président Maky Sall sur les véritables maux
dont souffre le secteur. Tous s’accordent à dire que le Sénégal ne s’arrête pas
à Dakar. A l’intérieur du pays, il existe une trentaine de chantiers de
structures sanitaires, de postes de santé, de centres de santé et d’hôpitaux en
construction encore inachevées. Une véritable problématique qui a poussé le
vice président du Sutsas Sas à dire que plus de 80 % des structures sanitaires
ne fonctionnement pas correctement. Idem pour l’hôpital de Fatick, la ville
natale du président Macky Sall. Le système connait ainsi un déficit criard en
ressources humaines. L’exemple le plus patent c’est qu’en tout et pour tout le
Sénégal compte 13 neurochirurgiens pour 14 millions d’habitants, 3
gérontologues. En plus le pays a un gap de 8000 sages femmes. Une
kyrielle de manquements soulevée par Monsieur Daf qui a
rappelé que le plan sésame a laissé plusieurs milliards de dette vis-à-vis des
structures sanitaires, qui ont fini par plomber les hôpitaux. Les propos du
syndicaliste ont été confortés par l’intervention du président du Conseil d’administration
de l’hôpital de Kolda, qui a embouché la même trompette devant
l’assistance. Mballo Dia Thiam, président de la Convergence Sutsas Sas
a quant à lui fait l’inventaire des politiques de gratuité initiées au
Sénégal mais sans jamais être accompagnées par les pouvoirs publics. D’autres
intervenants ont soulevé les mécanismes de financement et de contrôle
nécessaires à la réussite du projet, l’identification du coût de chaque régime
qui va l’accompagner, la contribution attendue des populations et de l’Etat,
l’identification des modèles d’intervention, en somme autant de questions
qui ont été soulevés au cours des débats. Le Dr Pape Amadou Diack, le directeur
général de la Santé, a souligné, en réponse à toutes les interpellations,
la volonté de l’Etat du Sénégal de mettre sur la table 10 milliards de F Cfa
pour assurer la couverture sanitaire et les bourses familiales. Il a rappelé
cependant les obligations des populations sénégalaises et de l’Etat face aux
résultats à atteindre, soit 50% d’ici 2015. Ainsi il a soutenu que
le comité restreint mis en place va capitaliser toutes les suggestions
émises au cours de la rencontre en vue de renforcer le document à présenter au
Conseil interministériel.
Cheikh Tidiane MBENGUE
| 09/02/2013 | 13H50 GMT
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