vendredi 24 avril 2015

BENNO, SOCIÉTÉ ECRAN ?


benno_écran
A quelques encablures des élections présidentielles de 2017, les partis de la coalition Benno Bokk Yakaar, doivent savoir, qu’en continuant de siéger au gouvernement de la République, sous prétexte d’émergence hypothétique et lointaine, ils seront comptables de tous les reniements et impostures du nouveau pouvoir néolibéral, qui refuse d’opérer les ruptures attendues.
C’est ainsi qu’on note divers épisodes attestant du non-respect des règles du jeu démocratique, qui avait été l’un des principaux griefs à l’encontre du précédent régime d’Abdoulaye WADE.
Il y a d’abord l’implication massive et au plus haut niveau des membres de la famille présidentielle, non seulement dans le jeu politique, mais aussi dans les affaires minières (Pétrotim) et même financières (Banque de Dakar). Il y a aussi l’utilisation de tournées économiques pour débaucher des maires, militants de partis alliés, et des personnalités politiques de l’Opposition, anciens dignitaires du précédent régime libéral, qui ne semblent être nullement concernées par la reddition des comptes. Enfin, on est allé jusqu’à repeindre des bus de la société nationale de transport aux couleurs du parti présidentiel, en droite ligne des pratiques du Parti-Etat socialiste reprises par le parti démocratique sénégalais.
Mais la meilleure preuve de la prédominance d’éléments de continuité de pratiques politiques immorales par rapport à la rupture attendue, c’est cette insoutenable “transhumance” dont les origines remontent  aux premières années de notre indépendance, quand le poète-président, soutenu par les ténors de la Françafrique et les cercles foccartistes, ne laissait à l’élite politico-religieuse de notre pays qu’une alternative : se soumettre au Parti-Etat ou périr !  La persistance de cette tare monstrueuse, qu’est ce phénomène de la transhumance politique, dénote de la somme d’efforts que notre Démocratie se doit encore d’accomplir pour se hisser au rang des Nations, dans lesquelles, les citoyens ont pu conquérir un minimum de lisibilité de l’offre politique.
Une autre tendance nettement perceptible dans les manœuvres « yakaaristes », c’est la cour assidue faite par le président de la République (et de l’APR) aux notabilités religieuses mais surtout politiques, dont certaines, contrairement au turbulent avocat nonagénaire,  ne demandent qu’à jouir d’un repos mérité. Comme jamais auparavant, des décorations, poliment acceptées mais parfois refusées, sont distribuées à tour de bras à d’anciens hommes d’Etat, dont plusieurs - pas tous ! - brillent par la tortuosité de leur parcours politique!
C’est ainsi qu’on cherche à installer la Nation dans une ambiance de “compromission historique” ou “d’unanimisme béat”, à force d’artifices médiatiques au service d’une propagande agressive.
Les tentatives d’imposer un leadership de plus en plus pesant voire répressif, pour étouffer toutes formes de contestation se heurtent au vieil esprit frondeur des Sénégalais, comme le prouvent les reculs imposés par les syndicats d’enseignants au gouvernement de Mohammed Dionne. Et cela ne fait que commencer !
Face au rouleau compresseur du pouvoir apériste, qui pense avoir déjà résolu l’équation du deuxième mandat, on ne discerne encore aucune alternative crédible. Le parti socialiste, qui revendique le droit à la différence et à la candidature ne fait cependant état d’aucune divergence de fond avec la politique conduite par le gouvernement de la République. Le porte-drapeau des dissidents de l’AFP à Guédiawaye porte une responsabilité certaine dans l’élection du frère du président Macky Sall comme maire de la Ville de Guédiawaye. Plus généralement, les responsables de l’AFP ont capitulé devant la boulimie pouvoiriste du parti présidentiel. D’une manière générale, tous les potentiels rivaux de Macky Sall aux prochaines présidentielles semblent être empêtrés dans des contradictions inextricables au sein de leurs propres formations politiques, omettant de présenter au peuple sénégalais leur offre politique, qui semble pour l’instant se résumer à vouloir faire peur à Macky en s’affichant, de manière ostentatoire, avec l’ex-président Abdoulaye Wade. Les partis de gauche, quant à eux, exigent, certes timidement encore, des discussions programmatiques sérieuses et la prise en compte de la plateforme des Assises Nationales.
Autant il a été difficile à la CREI de démêler l’écheveau des sociétés écran du vrai faux ex prince héritier, autant c’est un jeu d’enfant pour tout apprenti politologue de comprendre que le Président de la République se sert de Benno Bokk Yakaar comme d’une coalition écran, qui outre son caractère virtuel, semble servir à camoufler les transactions politiquement douteuses de ses diverses entités, avec en ligne de mire, une victoire électorale aux prochaines élections présidentielles de 2017.
NIOXOR TINE

23 JUIN 2011 - 23 MARS 2015 : L'IMBROGLIO FATAL ?

retraité_actif
A la veille du verdict du fameux procès de la traque des biens mal acquis impliquant Mr Karim Wade, une sourde inquiétude règne chez les Sénégalais. Mais gardons la juste proportion des choses ! Ce 23 mars 2015 ne sera très probablement pas le début d’une guerre civile entre les troupes bleues de Ndiombor et l’armée mexicaine de Benno Bokk Yakaar !
Des deux côtés, les généraux sopistes et yakaaristes, plus soucieux de leurs propres plans de carrière politique, d’intérêts de castes et de clans, que de nobles enjeux sociopolitiques peinent  à mobiliser leurs propres militants, à fortiori les larges masses populaires.
En attendant le verdict de la CREI, l’élite politique sénégalaise est d’ores et déjà coupable de transhumance, de traitement sélectif des dossiers de justice, d’hyper-présidentialisme et d’affaiblissement de l’Assemblée Nationale, autant de tares ayant survécu à la deuxième Alternance politique de mars 2012.
Rappelons-nous de la glorieuse journée du 23 juin 2011, au cours de laquelle le peuple souverain avait pris les devants pour s’opposer à des tripatouillages de la Constitution ayant pour finalité une dévolution monarchique du pouvoir à un héritier illégitime et peu vertueux !
Cette journée historique, loin d’être le fruit du hasard venait couronner plusieurs mois de débats et de luttes centrés autour du processus des Assises Nationales pour l’approfondissement de la démocratie et l’émergence citoyenne. Cette dynamique allait d’ailleurs se poursuivre jusqu’à la veille du premier tour des élections présidentielles de 2012, conduisant le Président de la Coalition Benno Bokk Yakaar à s’engager fermement pour l’application des conclusions des Assises Nationales.
A trois jours de la célébration du troisième anniversaire de l’accession du Président Macky Sall au pouvoir, il est clair que cette promesse de réformes des Institutions tarde à être matérialisée, malgré la mise en place d’une CNRI dont les conclusions semblent être plombées par le scepticisme d’experts constitutionnalistes aux ordres de l’Exécutif.
Rien d’étonnant alors à ce que beaucoup de citoyens sénégalais puissent avoir l’impression que la refondation institutionnelle est renvoyée aux calendes grecques. De fait, on observe des symptômes inquiétants d’avilissement de la pratique politique.
Le choix de  Karim Wade comme futur candidat du PDS aux prochaines élections présidentielles de 2017 renseigne sur l’ampleur des dégâts. Subissant plus que jamais l’emprise de leur nonagénaire de Président qui nomme les responsables du PDS à tous les niveaux, les militants libéraux cautionnent une dévolution monarchique du pouvoir au sein de leur Parti, écartant par là-même la possibilité de procéder à un aggiornamento politique, et se trouvent ainsi embarqués dans une entreprise d’instrumentalisation de leur formation politique pour les beaux yeux d’un vrai faux ex-prince héritier.
Quant aux acolytes de Benno Bokk Yakaar, ils semblent terriblement manquer de repères pertinents pour évaluer leur alliance, tiraillés qu’ils sont entre les logiques d’appareil et la fidélité à leurs nobles idéaux. C’est ce qui se traduit par la grave crise qui secoue l’AFP, les atermoiements au sein du parti socialiste et de certains partis de gauche calculateurs, qui se demandent si ce qu’ils pourraient gagner en 2017 vaut autant ou plus que ce qu’ils perdraient en quittant la barque de Macky.
Ce manque de constance, de rigueur et de fidélité aux conclusions des Assises Nationales de la part de Benno Bokk Yakaar pourrait faire le jeu de l’héritier politique du Pape du Sopi, qui pourrait, Dieu nous en garde, entrer au palais présidentiel par la Grande Porte !

SENTINELLES ENDORMIES, RÉVEILLEZ-VOUS !!!


Après la défaite du PDS et de ses alliés, le peuple des Assises pensait que la voie était largement ouverte pour la mise en œuvre des réformes institutionnelles. Malheureusement, les approches bureaucratiques d’appareils politiques obsolètes et le manque de fermeté de certaines personnalités de la société civile allaient plomber l’émergence citoyenne en gestation. C’est ainsi que la plupart des sentinelles du renouveau démocratique au sein du M23 allaient plonger dans un profond sommeil, dont elles ne se sont pas encore réveillées.
Or, à quelques encablures des élections présidentielles de 2017, il est plus que temps, de procéder à inventaire minutieux et contradictoire des actes posés par le Président de la République, en dehors du carcan de la propagande d’Etat, cherchant à nous présenter la politique gouvernementale sous son meilleur jour, avec l’objectif inavoué de façonner nos opinions et nos futurs comportements électoraux.
Il ressort de cette évaluation qu’il y a certes des actes forts posés, car il est de plus en plus admis depuis l’alternance historique de 2000, que le vote de l’électeur sénégalais est de plus en plus fonction de sa perception du bilan de l’équipe sortante. Néanmoins, aucune rupture de fond n’est intervenue concernant les principaux griefs nourris à l’encontre du régime de Me Wade. Refusant de mettre en œuvre aussi bien les conclusions des Assises Nationales que les recommandations de la CNRI, le nouveau pouvoir a concocté de nombreuses réformes superficielles, sectorielles, partielles et parcellaires, tenu plusieurs assises et fora, promettant l’émergence vers l’horizon 2035, au moment où la société sénégalaise souffre de mille maux.
Résultat des courses, notre pays vit, sur fond de réduction des budgets sociaux (Santé, Education), une agitation sociale chronique dans tous les secteurs (collectivités locales, éducation nationale, enseignement supérieur, transport, foncier…). Curieusement, dans certains cas, on a même l’impression que le remède est pire que le mal !
Ce qui manque évidemment c’est une vision d’ensemble cohérente et désintéressée (sans préoccupations politiciennes et électoralistes) telle qu’elle semblait ressortir du large consensus des Assises Nationales !
Que dire du Plan Sénégal Émergent ?
D’abord qu’il s’inscrit dans la continuité des recettes éculées des officines impérialistes que sont la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, dont la Présidente a même daigné venir nous prodiguer ses conseils maléfiques. Ensuite, qu’il est extraverti et suppose des réformes socialement douloureuses pour les masses populaires, en vue d’une hypothétique hausse du taux de croissance.
N’est-il pas temps pour la classe politique sénégalaise de remettre en cause la domination économique exercée par les puissances occidentales sur nos Nations fortement arrimées au franc CFA, obstacle à notre souveraineté complète ? En tout cas, il est notoire que les entreprises françaises opèrent un retour en force (Bolloré, Necotrans, Total…). Le régime de Benno Bokk Yakaar semble aussi cautionner la promotion du libre-échange telle que préconisée par les accords de partenariat économique qui ressemblent, à s’y méprendre, à une alliance du loup et de la brebis, avec une baisse drastique des recettes fiscales découlant de la levée des barrières tarifaires entre l’UE et les pays ACP.
En l’absence de maîtrise des leviers économiques et face à la misère populaire croissante, il ne reste à nos dirigeants qu’à initier des politiques sociales visant à atténuer la pauvreté, avec de forts relents populistes et électoralistes.
N’y-a-t-il pas quelque chose d’inélégant pour un pouvoir qui rechigne à mettre en œuvre la refondation institutionnelle, de vouloir organiser, en fin de mandat, un référendum, dont l’issue engagera le prochain locataire du palais présidentiel ? A supposer, bien sûr, que les citoyens sénégalais soient appelés à se prononcer sur des questions autres que le raccourcissement du mandat présidentiel de 7 à 5 ans.
C’est ce qui rend d’autant plus incongru le soutien prématuré et inconditionnel de certains dignitaires alliés à la candidature du Président en exercice. Cela montre encore une fois leur désintérêt pour les questions programmatiques et le fait qu’ils semblent plutôt privilégier la reconduction de la philosophie de partage du gâteau, car aujourd’hui comme hier, l’erreur à éviter, c’est de soutenir un candidat sans accords programmatiques.
C’est le lieu d’exhorter les partis de gauche en route vers l’unité, à interpeller au plus vite, le Président de l’APR pour qu’il soumette au référendum les recommandations de la C.N.R.I, y  compris le projet de constitution. Faute de quoi, aussi bien l’entreprise d’unification de la gauche que la poursuite de l’alliance Benno Bokk Yakaar perdraient toute leur pertinence politique.
NIOXOR TINE
 

GAUCHE SÉNÉGALAISE: EN AVANT VERS L’UNITÉ !!

CFG
Il s’était agi, aussi bien en 2000 qu’en 2012, lors des alternances démocratiques au sommet de l’Etat, d’initier des politiques de rupture concernant non seulement les enjeux démocratiques et institutionnels mais également  les questions ayant trait à la demande sociale.
Partant de matrices idéologiques théoriquement différentes, les régimes socialiste et libéral des cinq premières décennies depuis  notre indépendance formelle, ont, tous deux, été caractérisés par des programmes d’essence libérale.
La participation des forces de gauche au gouvernement de majorité présidentielle élargie d’Abdou Diouf,  de même que le dévoiement de la  première alternance démocratique de 2000 par Me Abdoulaye WADE nous édifient sur les limites objectives des stratégies de large rassemblement. Elles peuvent, certes, permettre, d’engranger des acquis sur le plan des libertés démocratiques, mais ne remettent nullement en cause la domination économique de nos Nations par les puissances occidentales, encore moins l’iniquité dans la répartition du pouvoir et des richesses.
La logique libérale  des Programmes d’Ajustement Structurel continue de prévaloir, elle qui privilégie les partenaires étrangers dans les privatisations des entreprises publiques et dans les concessions d’exploitation de nos ressources naturelles, au détriment des entrepreneurs nationaux, des travailleurs et des consommateurs. Dans le même temps, le phénomène de la pauvreté gagne du terrain, touchant de plus en plus les classes moyennes jadis épargnées et donnant lieu à l’élaboration de documents stratégiques de réduction de la pauvreté, aussi inefficients les uns que les autres. Durant les deux mandats du président Wade, il nous a été donné d’assister à une aggravation de phénomènes négatifs tels que le bradage foncier, la mise en œuvre de politiques favorisant l’agrobusiness et d’autres spéculateurs fonciers nationaux et étrangers.
C’est pour cela, que le PIT-Sénégal, lors de son cinquième congrès tenu à Thiès, a adopté une résolution, en date du 23 Mai 2010, dans laquelle un appel solennel a été lancé à tous les Partis, Mouvements de la Société Civile, et Personnalités qui se réclament de la  gauche marxiste et nationaliste panafricaine, à se retrouver dans une Grande Confédération des Forces de Gauche[1].
La nécessité de l’unité de la Gauche sénégalaise sera réaffirmée lors du premier congrès du Rassemblement des travailleurs africains/Sénégal (Rta/S) qui s’est tenu du 9 au 10 avril 2011, à Dakar.
Yoonu Askanwi pense que l’unité de la gauche est un impératif politique  pendant que pour Alla Kane de l’ORDC,  la Gauche sénégalaise souffre d’au moins deux maladies à savoir la division et le manque de liaison avec le peuple.
Est-ce cela, qui explique qu’elle n’ait pas réussi à « peser de tout son poids pour obtenir, avant le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012, un accord politique clair et précis avec le candidat Macky Sall, pour répondre aux revendications fortes de la nouvelle citoyenneté par le référendum sur la nouvelle constitution et par l’institutionnalisation de la Charte de gouvernance démocratique »[2].
Nul ne peut contester le rôle central joué par la gauche sénégalaise dans les deux alternances démocratiques de 2000 et 2012, en termes de réflexion et de luttes, aussi bien pour le programme de la CA 2000, puis du Front pour l’Alternance que pour la mise en œuvre des Assises nationales suivie de la mise en place du M23, même si les bénéfices politiques ont toujours profité à d’autres forces politiques.
Il est donc plus que temps, pour les forces de gauche:
  • d’œuvrer pour l’extension des principes et normes de bonne gouvernance au sein des partis de gauche eux-mêmes et des organisations de masse,
  • de se battre pour un Code électoral plus juste et
  • de travailler pour une alternative véritable, au profit des couches populaires, en alliance avec les forces citoyennes émergentes.
Cela permettra à ces partis de gauche, à défaut d’accéder eux-mêmes aux  responsabilités, de peser de manière plus significative sur les politiques mises en œuvre par les gouvernements de la République.
NIOXOR TINE
Dakar, décembre 2012

[1] Résolution du cinquième congrès du PIT-Sénégal : Appel aux forces de gauche
[2] Urgences et responsabilités historiques de la gauche sénégalaise, par Mamadou NDOYE, membre du BP de la Ligue Démocratique

CHARLIE-HEBDO : AUCUNE ENVIE DE RIRE!


o-CHARLIE-HEBDO-facebook
Il n’est tout simplement pas possible de cautionner ces actes barbares ciblant des défenseurs de la liberté de penser dans un pays aux vieilles traditions révolutionnaires, laïques voire anticléricales. Aucune idéologie ne peut justifier le lâche assassinat de citoyens désarmés, sans défense, quelles que puissent être leurs opinions, croyances et certitudes. Ironie du sort, beaucoup parmi les victimes étaient de célèbres militants de causes progressistes, dont l’opposition farouche à la montée inquiétante des thèses du Front National et le soutien aux luttes de libération des peuples arabes.
C’est vrai que ces terroristes sans vergogne ne peuvent avoir agi en notre nom ! NOT IN OUR NAME !
Not-in-my-name-28-09-14
Reconnaissons cependant qu’il est difficile de  comprendre l'indignation sélective des dirigeants de certaines puissances occidentales, qui n’hésitent pas à bombarder d’innocents citoyens en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, pour ensuite les qualifier pudiquement de “victimes collatérales”. Ne portent-ils pas ces pays occidentaux, avides de pétrole, la lourde responsabilité de stigmatiser la civilisation arabo-islamique, grossièrement caricaturée comme étant violente et terroriste ? De ce point de vue, on peut considérer qu'ils portent une certaine part de culpabilité dans la genèse de ces mouvements terroristes, qu’ils n’hésitent pas à infiltrer, pour les manipuler à leur guise. A cet égard, les récentes percées diplomatiques de l’Etat palestinien causent bien du souci aux lobbies sionistes et au complexe militaro-industriel états-unien.
drones
Pour en revenir au massacre des journalistes de Charlie-Hebdo, il s’agit d’amener les opinions publiques des pays occidentaux à comprendre que les caricatures de journaux satiriques sur les religions, banales dans des pays aux solides traditions anticléricales, peuvent être ressenties de manière exacerbée par des citoyens musulmans traumatisés par le matraquage médiatique ourdi par des officines impérialistes, agrémenté par l’allègre pilonnage de modestes demeures arabes. Et ce d’autant que le moindre incident antisémite est monté en épingle et considéré comme la poursuite de la persécution, que le fascisme hitlérien a fait subir à la communauté juive, dans le passé, avec la complicité flagrante de certains secteurs des bourgeoisies occidentales.
CH11
Ce sont les descendants de ces élites occidentales, qui avaient des accointances avérées avec le régime anti-juif du troisième Reich, devenus des leaders autoproclamés d’un monde dit libre, qui détournent leurs regards quand Tsahal (armée israélienne) bombarde les maisons et les écoles à Gaza. On peut dès lors se demander, si le terrorisme d’Etat israélien est plus tolérable que les crimes de jeunes militants ultranationalistes arabes.
gaza_bombing
Il n’est certes pas question de justifier des dérives terroristes de prétendus militants de la cause arabo-islamique, désorientés et désespérés, rencontrant des difficultés d’intégration dans leurs pays d’accueil et devenant ainsi des  proies faciles pour des prédicateurs machiavéliques. Ces intrépides combattants de l'Islam devraient plutôt engager le combat pour la reconnaissance de tous leurs droits, mais ne devraient pas assassiner froidement des journalistes, symboles de la liberté de penser, dont on dit qu'ils seraient morts pour de simples dessins, alors qu'en réalité, ils sont victimes des noirs desseins de lobbies impérialistes et sionistes !
Mais nul doute que les croisés occidentaux de la liberté d’opinion gagneraient en crédibilité s’ils dénonçaient la duplicité de leurs gouvernements complices de dictatures sanglantes et prétendument défenseurs des droits de l’Homme, partout où leurs intérêts économiques immédiats ne sont pas en jeu !
NIOXOR TINE
islamic_state

MEMORANDUM DES MCD DE DAKAR SUR LES CONSEQUENCES DE L’ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION ET DE LA REFORME DU DISTRICT SUR LE SYSTEME DE SANTE


Au cours du mois d’août 2014 s’est tenu à la Somone (département de Mbour), un atelier sur la réforme des districts. C’était la troisième d’une série de rencontres ayant débuté au mois de février 2014 à l’hôtel Amaryllys de Saly, la deuxième ayant eu lieu au mois de mai 2014 à l’hôtel Palm Beach.
L’objectif annoncé de ces réunions était d’élaborer la contribution du Ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) à l’acte 3 de la décentralisation. Mais, dans la réalité, il s’avère de plus en plus que certains fonctionnaires du MSAS, dont certains collègues médecins, veulent profiter de la réforme de l’acte 3 de la décentralisation, pour introduire subrepticement la réforme du district sanitaire.
Depuis les lois de la décentralisation de 1996, les compétences Santé et Action Sociale avaient été transférées aux Collectivités Locales.
Au niveau des districts, ce transfert devait s’exercer à travers un comité de gestion dirigé par le Président de la collectivité locale et comprenant outre le chef de la structure socio-sanitaire, le Président et le Trésorier du comité de santé. C’est ainsi que les postes  et centres de santé étaient gérés par les collectivités locales où elles étaient implantées.  (Communautés rurales, communes de plein exercice ou communes d’arrondissement dans les Villes).
Concernant le système hospitalier, les Présidents des conseils régionaux dirigeaient les conseils d’Administration des structures hospitalières que sont les EPS1 et EPS2.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La réforme de l’acte 3 a été initiée, sans une évaluation préalable des lois sur la décentralisation de 1996, qui ont connu de nombreux dysfonctionnements:
  • Léthargie ou non-fonctionnalité des comités de gestion,
  • Absence de mise à disposition partielle ou totale des fonds de dotation décentralisés au niveau des structures sanitaires (districts, hôpitaux),
  • Absence de définition des rôles et responsabilités des différents acteurs,
  • Non prise en compte du concept de district sanitaire par les textes de la décentralisation,
  • Insuffisance de l’implication des collectivités locales dans les activités préventives et promotionnelles de santé,
  • Déficit de promotion, par les collectivités locales, de la participation communautaire
On ne peut, ensuite, que déplorer le fait que certains hauts fonctionnaires essaient de profiter de la réforme de la décentralisation pour remettre en cause l’organisation des services locaux au sein du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, esquivant ainsi la nécessité d’un débat de fond sur la réforme du district.
Il a également été suggéré de séparer les fonctions de soins et de gestion, ce qui se traduirait par la suppression du cumul des fonctions de médecin-chef de district  et de médecin-chef du centre de santé de référence.
Les comités de santé, organes de participation communautaire, devraient disparaître et être remplacés par des comités de développement de la Santé devant être présidés par les maires.
Il a été évoqué la possibilité d’ériger les centres de santé en établissements publics de santé de niveau 1 (EPS1) dont les conseils d’administration seront présidés par les présidents des conseils départementaux ou les maires de Villes.
Au total, il semble que les changements annoncés cherchent à dessaisir les cadres de santé aussi bien du leadership technique au sein de leur  Ministère de tutelle que des directions des structures sanitaires au profit d’autres catégories de personnel, dont la plupart ne satisfont pas aux critères académiques requis.
On note aussi une tendance très marquée à privilégier les établissements hospitaliers au détriment du système de santé de district.
Par ailleurs, les réformes proposées ne tiennent aucun compte des leçons tirées de la gestion peu satisfaisante du transfert de la compétence Santé et Action sociale aux collectivités locales, depuis 1996.
Enfin, le risque est grand qu’on assiste à un affaiblissement du processus de participation communautaire.
REFORME DU DISTRICT SANITAIRE
L’option privilégiée par le Ministère semble être de revoir les districts dans leur configuration actuelle, en leur faisant épouser les limites des départements actuels, ce qui se traduira par la création de  45 services départementaux de la santé et de l’action sociale (SDSAS), en lieu et place des 76 districts actuels, dans le souci de répondre à la nouvelle Collectivité locale qu’est le Département. Il est prévu, en outre, la création de zones sanitaires au niveau de toutes les communes, ce qui pose un problème de cohérence, mais surtout d’équité en raison de la variabilité de la carte sanitaire et de la disparité des plateaux techniques des structures socio-sanitaires au sein des innombrables communes que compte désormais notre pays.
D’autres évoquent le fait que l’acte 3 étant un texte de loi, de portée générale, n’a pas vocation de traiter de l’organisation des services au niveau des différents ministères (District sanitaire pour le Ministère de la Santé, Inspection de l’Education et de la formation, Secteur pour l’Environnement notamment les Eaux et Forêts, ou Subdivision pour les Travaux Publics, Zone militaire pour les Forces armées...etc.).
Là également, rien ne justifie ce choix, car cette nouvelle réforme (qui préconise la communalisation universelle et la  départementalisation), devrait simplement se traduire par une répartition des attributions de la défunte Région entre les deux ordres de collectivité locale reconnus par l’acte 3 que sont le Département et la Commune.
De plus, nul ne peut contester le fait que les districts sanitaires puissent se prévaloir de réalisations concrètes dans plusieurs domaines :
  • la mise en œuvre des activités préventives (vaccinations, éradication de la polio, contrôle de la rougeole, suivi pré- et postnatal, planning familial, …)
  • la survie de l’enfant (lutte contre les maladies diarrhéiques, suivi et promotion de la croissance, supplémentation en micronutriments…)
  • la baisse spectaculaire de l’incidence du paludisme
  • la prise en charge décentralisée et gratuite de la tuberculose et du sida,
  • le dépistage et la gestion des maladies non transmissibles et
  • la surveillance épidémiologie et la riposte aux épidémies, dont la dernière en date est la FVH Ebola
Rien ne justifie donc, à priori, la remise en cause du district sanitaire, dans son format actuel, qui est  une aire géographique de proximité, dont la densité du maillage garantit aux populations la proximité du personnel de santé, gage d’équité, en conformité avec la philosophie, qui sous-tend  la couverture sanitaire universelle.
Le remplacement des districts par les services départementaux de la santé et de l’action sociale pose un certain nombre de problèmes :
  • En réduisant le nombre de districts à 45, on semble vouloir ″centraliser″ le système de santé local, à savoir le district, au moment où on décentralise les collectivités locales. On ne peut vouloir une chose et son contraire.
  • Le souhait des autorités de faire coïncider les limites de chaque district avec celles du département correspondant va aboutir à la création d’entités surdimensionnées avec des populations entre 500.000 et 1.000.000 d’habitants (Dakar, Thiès). Or l’OMS définit le district comme une unité administrative comprise entre 50.000 et 300.000 habitants.
  • La coordination entre les différents acteurs va être rendue plus difficile par l’éclatement des pouvoirs de décision : service départemental de la santé et de l’action sociale, préfecture, département en tant que collectivité locale, établissements publics de santé, centres de santé, postes de santé…
ERECTION DES CENTRES DE SANTE EN EPS1
Le projet d’ériger les centres de santé en établissements publics de santé, (projet cher à la cohorte d’administrateurs hospitaliers tapis au sein de la DES) couplé à la volonté de supprimer les districts sanitaires conduirait à transposer la crise hospitalière au niveau du système de santé local et sonnerait le glas de la stratégie des soins de santé primaires.
Il aurait été mieux indiqué de procéder d’abord à l’évaluation de la première génération d’établissements publics de santé de niveau 1.
Il semble bien qu’il s’agit là d’un passage à l’échelle d’expériences non réussies que constituent la Réforme Hospitalière et l’érection des centres de santé de référence de certains districts en EPS de niveau 1.
Tout le monde se rappelle du décret n°2010-774 du 15 juin 2010,  qui a consacré l’érection des  centres de santé de référence de 10 districts sanitaires en Etablissements Publics de Santé (EPS) de Niveau1 (Guédiawaye, Rufisque, Touba, Tivaouane, Mbour, Linguère, Kaffrine, Richard-Toll, Sédhiou et Dakar-Sud) et ses conséquences catastrophiques en termes de santé publique.
Les pouvoirs publics avaient avancé, à l’époque, entre autres prétextes, celui  du renforcement du parc hospitalier national et la nécessité du relèvement du plateau technique.
Dans la réalité, les plateaux techniques de ces nouveaux EPS1 se sont dégradés à cause du manque d’appui budgétaire et de renforcement d’équipements de part de l’Etat. En même temps les ressources générées par ces structures servent à uniquement à motiver le personnel conformément aux dispositions en vigueur qui réglementent les Etablissements Publics de santé. Cette situation a pour conséquences :
  • Absence de ressources pour l’entretien des locaux et l’acquisition d’équipements
  • Rupture dans la continuité de certains services
  • Relèvement des prix des tickets de prestations sans se soucier du pouvoir d’achat des populations (diminution de fréquentation, orientation des patients vers d’autres structures).
Au niveau des dix districts concernés par ce décret, il a été constaté d’innombrables difficultés,  surtout dans  ceux d’entre eux qui ne disposaient pas d’un centre de santé secondaire, pour y transférer l’activité dite de santé publique. C’est ainsi que la maternité du centre de santé de  Guédiawaye qui, après fermeture de la maternité de Le Dantec, était classée première maternité, du point de vue du nombre d’accouchements, allait rapidement  péricliter.
En mai 2013, les travailleurs de l’hôpital Youssou Mbargane Diop de Rufisque se sont plaints du fait que, malgré leur changement de statut, leur nouvel EPS1 n’avait connu aucune amélioration de son plateau technique.
Au cours de la même période, les Organisations communautaires de base (OCB) du district de Dakar-Sud ont saisi le préfet du département de Dakar et informé l’opinion nationale de la situation de déliquescence  de leur district, en proie à de graves difficultés suite à l’érection du centre de santé de l’IHS en EPS1. Des problèmes similaires sont rapportés à Kaffrine, Sédhiou…etc.
Des programmes tels que ceux destinés à lutter contre la tuberculose et le sida ont connu de sérieuses difficultés. C’est ainsi que les gestionnaires de programmes rattachés au ministère de la Santé se sont plaints des incidences négatives de la désarticulation du système de santé des districts concernés sur la coordination des activités et même sur les indicateurs (flambée de tuberculose à Guédiawaye mise en évidence lors d’une réunion de l’ONG Plan, chute des performances de l’hôpital Roi de Baudouin en matière de lutte contre la mortalité maternelle, fermeture du centre de dépistage volontaire et anonyme au district sud…etc.).
Cette décision d’ériger des centres de santé de référence en EPS1 était d’autant plus injustifiée que  le système hospitalier était  plongé dans une crise profonde.
CRISE PROFONDE DU SYSTEME HOSPITALIER
Il faut dire que jusqu’au milieu des années 90, le système hospitalier sénégalais battait de l’aile, victime de la pesante tutelle de l’administration centrale avec une détérioration de la qualité des soins à cause de plateaux techniques obsolètes, de ruptures de stock de médicaments, consommables et réactifs, de conditions d’hôtellerie désastreuses…
C’est à cause de lourdeurs administratives et d’entorses dans les procédures de gestion dans les hôpitaux que la Réforme Hospitalière avait été initiée. En effet, ces travers ont conduit à une inefficacité budgétaire, faisant reposer l’essentiel des dépenses de santé sur les ménages, même dans le secteur dit public. Cela conduisit à l’adoption, en 1998, de la loi portant réforme hospitalière et celle relative à la création, à l’organisation et au fonctionnement des établissements publics de santé. La Réforme hospitalière avait pour ambition de combiner l'exigence du service public avec l'esprit d'entreprise propre au secteur privé. Or, la première fausse note de cette nouvelle réforme hospitalière a été le recrutement d’un personnel pléthorique, sur la  base de considérations clientélistes, ce qui allait entraîner des effets pervers avec  une insuffisance des personnels qualifiés,  l’augmentation vertigineuse de personnels non qualifiés et l’explosion de la masse salariale.
C’est ainsi que, malgré cette réforme, la crise du système hospitalier ne connut aucune accalmie mais plutôt une aggravation manifeste, se traduisant par des grèves cycliques. Les difficultés étaient liées à un endettement sans précédent des hôpitaux dû principalement à de ruineuses politiques de gratuité (plan sésame), mais aussi à des dépassements budgétaires de triste mémoire au niveau des EPS.
Malgré tous ces travers qui avaient donné lieu à une grande Concertation Nationale sur le système hospitalier, en octobre 2006, les autorités du Ministère en charge de la Santé se refusent encore à réformer la Réforme Hospitalière et persistent dans l’erreur, en projetant d’élargir le parc hospitalier national au détriment  des districts sanitaires.
En réalité, certains décideurs semblent trouver leur compte dans le fonctionnement de ces établissements publics de santé censés jouir d’une autonomie de gestion, en y plaçant comme directeurs des obligés, sous l’œil complaisant de conseils d’administration ressemblant à s’y méprendre à des caisses de résonance.
A cet égard, la suppression envisagée des comités de santé, sans mesures d’accompagnement, va compromettre l’autonomisation des communautés, d’autant que la représentation des usagers, telle qu’elle se fait actuellement au sein des conseils d’administration, est loin de répondre à des normes et principes démocratiques. Il s’agit, le plus souvent, d’une cooptation discrétionnaire de membres d’organisations sans véritable assise locale.
LE SYSTEME DE SANTE DE DISTRICT ET SES LIMITES
Malgré la contribution remarquable des systèmes de santé de district à l’accessibilité des masses populaires aux soins essentiels, force est de constater que certaines insuffisances ont été notées surtout pour ce qui est de la prise en charge des maladies non transmissibles, des urgences médicales, chirurgicales et gynéco-obstétricales et aussi en rapport avec la qualité des soins.
Cet état de fait est lié aux facteurs suivants :
  • Le déficit de personnels qualifiés particulièrement marqué en zones suburbaine et rurale avec une pléthore d’agents de santé communautaires ;
  • Le manque d’équipements et de matériel biomédicaux
  • Les dysfonctionnements du système d’orientation-recours dus à des structures privilégiant des critères de rentabilité financière sur ceux en rapport à l’accès universel à des soins de qualité,
  • Le désengagement de l’Etat, le plus souvent lié à des plans d’ajustement structurel inspirés par le FMI et la BM
  • La réticence des médecins à exercer dans les zones rurales du fait du mauvais traitement salarial
  • Les faibles capacités des collectivités à réaliser leur propre vision.
ADAPTATION DES DISTRICTS AUX NOUVELLES EXIGENCES
Néanmoins, des efforts indéniables ont été faits pour lever les contraintes entravant le développement des systèmes de santé locaux. C’est ainsi que des mutations sont intervenues dans certains districts sanitaires, qui ont tenté de s’adapter au nouveau profil épidémiologique caractérisé par l’émergence des maladies cardiovasculaires, métaboliques et tumorales, en recrutant des médecins vacataires et en organisant des vacations de spécialistes. On a également pu observer le renforcement du système de santé à partir des ressources propres des structures de soins (achat d’équipement et de matériel médical, recrutement de personnel, voire travaux de génie civil). Enfin, dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance sanitaire, certains districts sanitaires, ont de par leur propre initiative mis en place des logiciels de gestion en vue d’une gestion plus transparente des recettes issues de la participation financière des populations à l’effort de santé.
LA STRATEGIE DES SOINS DE SANTE PRIMAIRES PLUS ACTUELLE QUE JAMAIS.
Concernant la stratégie des soins de santé primaires, il faut rappeler, qu’après la conférence d’Alma-Ata de 1978, le concept de district sanitaire sera légitimé à la conférence de l’OMS tenue du 3 au 7 août 1987 à Hararé (Zimbabwé).
La déclaration issue de ces assises insistait sur le renforcement du district de santé basé sur les soins de santé primaires. Cela impliquait entre autres une approche décentralisée de la gestion des ressources et du processus de planification ainsi que la promotion de la participation communautaire et de l’intersectorialité.
Créé principalement pour combattre l’exclusion des larges masses populaires de l’accès aux soins de santé, même les plus banals, le système de district préconisait, dans la droite ligne de la conférence d’Alma-Ata, d’atteindre l’ambitieux objectif de la « Santé pour Tous », en mettant en œuvre les principes d’équité, d’efficacité, d’efficience, d’autonomie et de solidarité.
Concernant les enjeux du financement de la Santé et face à la flambée des coûts auxquels le système de santé doit faire face, l’OMS préconise la mise en place d’une Couverture Sanitaire Universelle, qui dans nos pays comporte une forte composante mutualiste et communautaire.
Si on admet que la couverture sanitaire universelle doit être couplée à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion et qu’il y a nécessité d’agir sur les déterminants sociaux (eau potable, assainissement, disponibilité alimentaire, habitat décent…), il devient évident qu’affaiblir les districts sanitaires, clés de voûte de l’approche multisectorielle en santé, revient à compromettre la réussite de la couverture sanitaire universelle.
Il est dès lors évident que la stratégie des soins de santé primaires reste plus actuelle que jamais. C’est ainsi que la conférence d’Ouagadougou en 2008 a confirmé que la stratégie du district sanitaire demeurait plus pertinente que jamais.
POURSUITE DES EFFORTS D’ADAPTATION DES DISTRICTS AUX NOUVELLES REALITES
Il faudrait cependant l’adapter au nouveau contexte marqué par la couverture sanitaire universelle. La nécessité d’œuvrer pour la santé communautaire a été réaffirmée, particulièrement  dans les milieux dépourvus en ressources confrontés aux problèmes d’équité et d’accessibilité aux soins les plus aigus.
Il faudra, plus que jamais, veiller au renforcement des systèmes locaux de santé, à l’autonomisation des communautés, ménages et individus qui, de concert avec les professionnels de la santé, jouent un rôle dans la production de la santé.
Il ne faut cependant pas perdre de vue la possibilité qu’ont les usagers, surtout en milieu urbain, de choisir les services qui leur conviennent, en faisant abstraction des limites administratives. Il y a donc nécessité d’adapter district sanitaire surtout en  milieu urbain, en raison de la diversité de l’offre de services. Cette nouvelle donne interpelle particulièrement les prestataires appelés à faire preuve de plus de réactivité, d’autant que l’offre de services est de plus en plus diversifiée (structures publiques, privées, informelles, non-gouvernementales, confessionnelles, paramilitaires, d’entreprises…etc.).
Cela va nécessiter l’harmonisation des interventions des différents acteurs appelés à s’approprier des objectifs du PNDS.  C’est cela qui justifie l’adoption par les districts sanitaires de diverses stratégies plus ou moins nouvelles (stewardship, supervision, signature de convention, financement basé sur les résultats…).
CENTRE DE SANTE DE REFERENCE ET STRATEGIE DE DISTRICT
Le centre de santé de référence est considéré comme un établissement faisant partie d’un système complet de soins, le district sanitaire. Son rôle résulte de la répartition des tâches au sein du district et il sert de structure de référence aux postes de santé, aux centres de santé secondaires, aux structures privées confessionnelles…etc.
Il peut, dans le cadre  du renforcement des soins de santé primaires et de la promotion de la santé communautaire,  servir de moteur au district sanitaire animé par une équipe-cadre, des infirmiers chefs de postes, assistés de comités de santé et d’organisations communautaires de base.
Des structures telles que les centres de santé de référence des districts de Dakar (Philippe Maguilen Senghor, Nabil Choucair, Gaspard Kamara) offrant une gamme de services médicaux, gynéco-obstétricaux et de petite chirurgie, à côté de leur rôle de mise en œuvre et de supervision des soins de santé primaires remplissent toutes les conditions qu’on attend d’un centre de santé de référence à l’heure actuelle. Ils combinent les missions de santé publique avec les exigences de soins de qualité.
Rien ne s’oppose à ce que dans ces centres de santé de référence dirigés par des cadres médicaux (le MCD et son adjoint), la gestion soit modernisée avec un agent comptable particulier et un Conseil d’Administration, présidé par le Chef de la Collectivité locale concernée (Ville ou conseil départemental), dans lequel les acteurs locaux (dont les comités de santé qui devraient se désengager de la gestion financière) seraient mieux représentés.
CONCLUSIONS
En élaborant ce mémorandum, nos préoccupations ne sont pas simplement d’ordre corporatiste. Nous nous préoccupons plutôt de l’avenir de notre système sanitaire, au moment où certains cherchent à nous confiner au rôle peu gratifiant d’exécutants dociles de politiques sanitaires définies sans les cadres de  santé (et même parfois contre eux !).
Nous ne sommes pas non plus opposés à l’émergence de collectivités locales pleinement responsabilisées. Bien au contraire ! Une véritable décentralisation administrative constitue un facteur déterminant pour la réussite des politiques de santé.
Mais au vu de l’histoire du processus de décentralisation dans notre pays, nous pensons humblement que les pouvoirs publics devraient revoir les modalités du transfert de la compétence Santé à des Collectivités Locales encore trop politisées. Et ce d’autant que la quasi-totalité d’entre elles disposent de capacités technico-administratives encore embryonnaires et doivent faire l’apprentissage d’un véritable développement local.

ACTE 3 DE LA DÉCENTRALISATION, UN CADEAU DE NOEL EMPOISONNE ?


En ce mois de Décembre synonyme de paix, de joie et de partage, les travailleurs des communes d’arrondissement et leurs familles s’apprêtent à vivre une fin d’année cauchemardesque, par la faute de l’abominable acte 3, dont on ne sait s’il se rapporte à la décentralisation ou plutôt à un théâtre de mauvais goût ! En effet, deux semaines après la fin du mois de novembre, les agents municipaux n’ont toujours pas perçu leurs salaires.
Ce dysfonctionnement n’est  que le reflet de l’amateurisme des autorités en charge de de la Gouvernance locale, qui continuent de penser qu’elles peuvent conduire une réforme d’une telle ampleur, sans une large concertation avec les acteurs de terrain et sans aménager des plages de transition.
Pour ce qui concerne le secteur de la Santé, en l’absence de toute évaluation sérieuse  de la phase 2 de la décentralisation en 1996, les mêmes erreurs sont en train d’être commises.
Tout d’abord, la politique sanitaire nationale est insuffisamment prise en compte. C’est ainsi que le district sanitaire, structure chargée de la mise en œuvre opérationnelle des programmes du ministère en charge de la Santé, a été royalement ignoré par les textes de la décentralisation. On a voulu que les collectivités locales gèrent les structures sanitaires implantées en leur sein, sans aucune approche d’ensemble ni fil conducteur, ainsi que décrits dans le plan national de développement sanitaire.  Malheureusement, les comités de gestion, organes chargés de mettre en œuvre le transfert de la compétence santé n’ont pratiquement pas fonctionné, depuis la publication du décret les instituant, essentiellement du fait de la faiblesse des capacités techniques et administratives de l’écrasante majorité des communes d’arrondissement et des anciennes communautés rurales. En outre, le transfert de moyens pour exercer ces compétences ne s’est pas fait au niveau du secteur de la Santé car,  depuis le début, les taux d’exécution des fonds de dotation décentralisés sont restés très faibles voire nuls.
Au total, la décentralisation, au lieu d’être un atout pour le développement des systèmes locaux de santé est devenue, jusque-là tout au moins, une contrainte pesante sur la mise en œuvre des programmes de santé au niveau opérationnel, gênant ainsi l’atteinte des OMD. N’eûssent été les comités de santé et les PTF, la situation aurait certainement été plus dramatique !
Malheureusement, rien n’indique qu’avec l’acte 3, les choses iront mieux !
Les communes d’arrondissement, qui jusque-là ne géraient que des postes de santé vont dorénavant se voir chargés de la gestion de centres de santé, alors qu’elles ne disposent pas de direction technique pour ce faire, à l’image de la DASS de la Ville de Dakar. L’affectation dans les communes d’arrondissement, de dizaines de travailleurs précédemment en service dans les Villes pose des défis nouveaux en matière de gestion de ressources humaines, que  ces communes arriveront difficilement à maîtriser, car la quasi-totalité d’entre elles ne dispose pas de direction des ressources humaines.
En l’absence de l’identification précise  des ressources budgétaires des nouvelles communes de plein exercice, celles-ci auront du mal à faire face à leurs multiples dépenses, dont celles liées à la masse salariale  dans un contexte de recrutements clientélistes et partisans.
Ce tableau sombre sera aggravé par les velléités hégémoniques consistant pour les gestionnaires des collectivités locales à vouloir s’affranchir de la tutelle technique du Ministère de la Santé et de l’Action sociale et à chercher à domestiquer les acteurs communautaires, dans une optique non pas de développement multisectoriel, mais exclusivement politicienne.
La tutelle technique est loin de jouer son rôle de régulation et d’arbitrage !
Les hauts fonctionnaires du MSAS semblent, en effet, habités par de  sombres desseins visant à accoler leur réforme du district à l’acte 3 et dessaisir les cadres de santé locaux du leadership technique des directions des structures et services sanitaires au profit d’autres catégories de personnel.
C’est ainsi que la réforme de la décentralisation est mise à profit pour remettre en cause l’organisation des services locaux au sein du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, esquivant ainsi la nécessité d’un débat de fond sur la réforme du district.
Il s’agit en fait de confiner les cadres de santé dans le rôle exclusif de soignant avec le rôle peu valorisant d’exécutants dociles de projets et programmes sanitaires élaborés sans eux, par des hommes de pouvoir !
Les comités de santé, organes de participation communautaire, sont appelés à disparaître et à être remplacés par des comités de développement de la Santé devant être présidés par les maires.
Pour ce qui est de la réforme du district sanitaire, l’option privilégiée par le Ministère semble être de revoir les districts dans leur configuration actuelle, en leur faisant épouser les limites des départements actuels, ce qui se traduira par la création de  45 services départementaux de la santé et de l’action sociale (SDSAS), en lieu et place des 76 districts actuels, dans le souci de répondre à la nouvelle Collectivité locale qu’est le Département. Il est prévu, en outre, la création de zones sanitaires au niveau de toutes les communes, ce qui pose un problème de cohérence, mais surtout d’équité en raison de la variabilité de la carte sanitaire et de la disparité des plateaux techniques des structures socio-sanitaires au sein des innombrables communes que compte désormais notre pays.
Il est clair que les réformes de la décentralisation de 1996 n’ont rien apporté de positif au système national de santé, dont les ressources ont été distraites pour d’autres objectifs et vers d’autres destinations.
Les nouveaux textes de la décentralisation risquent, quant à eux, de se traduire par l’acte 3 d’une tragédie, qui se terminera par la mort du système public de santé, particulièrement celle des réseaux de soins de proximité !
Dr Mohamed Lamine LY