Il s’était agi, aussi bien en 2000 qu’en 2012, lors des alternances démocratiques au sommet de l’Etat, d’initier des politiques de rupture concernant non seulement les enjeux démocratiques et institutionnels mais également les questions ayant trait à la demande sociale.
Partant de matrices idéologiques théoriquement différentes, les régimes socialiste et libéral des cinq premières décennies depuis notre indépendance formelle, ont, tous deux, été caractérisés par des programmes d’essence libérale.
La participation des forces de gauche au gouvernement de majorité présidentielle élargie d’Abdou Diouf, de même que le dévoiement de la première alternance démocratique de 2000 par Me Abdoulaye WADE nous édifient sur les limites objectives des stratégies de large rassemblement. Elles peuvent, certes, permettre, d’engranger des acquis sur le plan des libertés démocratiques, mais ne remettent nullement en cause la domination économique de nos Nations par les puissances occidentales, encore moins l’iniquité dans la répartition du pouvoir et des richesses.
La logique libérale des Programmes d’Ajustement Structurel continue de prévaloir, elle qui privilégie les partenaires étrangers dans les privatisations des entreprises publiques et dans les concessions d’exploitation de nos ressources naturelles, au détriment des entrepreneurs nationaux, des travailleurs et des consommateurs. Dans le même temps, le phénomène de la pauvreté gagne du terrain, touchant de plus en plus les classes moyennes jadis épargnées et donnant lieu à l’élaboration de documents stratégiques de réduction de la pauvreté, aussi inefficients les uns que les autres. Durant les deux mandats du président Wade, il nous a été donné d’assister à une aggravation de phénomènes négatifs tels que le bradage foncier, la mise en œuvre de politiques favorisant l’agrobusiness et d’autres spéculateurs fonciers nationaux et étrangers.
C’est pour cela, que le PIT-Sénégal, lors de son cinquième congrès tenu à Thiès, a adopté une résolution, en date du 23 Mai 2010, dans laquelle un appel solennel a été lancé à tous les Partis, Mouvements de la Société Civile, et Personnalités qui se réclament de la gauche marxiste et nationaliste panafricaine, à se retrouver dans une Grande Confédération des Forces de Gauche[1].
La nécessité de l’unité de la Gauche sénégalaise sera réaffirmée lors du premier congrès du Rassemblement des travailleurs africains/Sénégal (Rta/S) qui s’est tenu du 9 au 10 avril 2011, à Dakar.
Yoonu Askanwi pense que l’unité de la gauche est un impératif politique pendant que pour Alla Kane de l’ORDC, la Gauche sénégalaise souffre d’au moins deux maladies à savoir la division et le manque de liaison avec le peuple.
Est-ce cela, qui explique qu’elle n’ait pas réussi à « peser de tout son poids pour obtenir, avant le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012, un accord politique clair et précis avec le candidat Macky Sall, pour répondre aux revendications fortes de la nouvelle citoyenneté par le référendum sur la nouvelle constitution et par l’institutionnalisation de la Charte de gouvernance démocratique »[2].
Nul ne peut contester le rôle central joué par la gauche sénégalaise dans les deux alternances démocratiques de 2000 et 2012, en termes de réflexion et de luttes, aussi bien pour le programme de la CA 2000, puis du Front pour l’Alternance que pour la mise en œuvre des Assises nationales suivie de la mise en place du M23, même si les bénéfices politiques ont toujours profité à d’autres forces politiques.
Il est donc plus que temps, pour les forces de gauche:
- d’œuvrer pour l’extension des principes et normes de bonne gouvernance au sein des partis de gauche eux-mêmes et des organisations de masse,
- de se battre pour un Code électoral plus juste et
- de travailler pour une alternative véritable, au profit des couches populaires, en alliance avec les forces citoyennes émergentes.
Cela permettra à ces partis de gauche, à défaut d’accéder eux-mêmes aux responsabilités, de peser de manière plus significative sur les politiques mises en œuvre par les gouvernements de la République.
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