UN AN APRÈS LE 26 FÉVRIER 2012
CHASE THE DEVIL!!! |
L’élection présidentielle, qui vient de s’achever n’aura pas
permis aux citoyens sénégalais d’opter sereinement pour le candidat de
leur choix et son programme. En effet, la présence de l’intrus Wade
autour du banquet électoral et les menaces de fraude électorale ont
contraint de nombreux électeurs à s’engager dans la stratégie du vote
utile, ce qui a une nouvelle fois biaisé le sens du vote. On aura
davantage voté contre le président sortant que pour un des candidats
postulants. Par ailleurs, du moment que la candidature de Wade est
reconnue par tous, comme étant inconstitutionnelle, l’éthique et la
logique voudraient que de nouvelles élections soient organisées, une
fois Wade battu, dans des délais négociés par les acteurs politiques.
Wade, un hôte indésirable
L’issue du scrutin du 26 Février 2012, qui a opposé treize candidats et un fantôme est connue : un second tour va prochainement opposer le candidat Macky au génie malfaisant, qui depuis un certain 19 mars 2000, hante les allées de notre République. Ndiombor, comme Gygès[1] et son anneau d’invisibilité, cherche à s’emparer illégalement du pouvoir par des procédés aussi frauduleux les uns que les autres, tels que la violation de la Constitution, le reniement de la parole donnée, la corruption des 5 membres du Conseil constitutionnel, la recherche effrénée de ndigël, l’achat de conscience, la fraude électorale… C’est ainsi que, malgré le fait que des citoyens honnêtes et indignés aient ignoré son “invisible” bulletin de vote, qu’ils n’ont même pas voulu voir, encore moins toucher, les “micro-entrepreneurs” politiques du camp libéral grassement rémunérés et spécialisés dans le convoiement d’applaudisseurs dans les meetings du camp libéral et l’achat de conscience réussiront le triste exploit de lui acheter près de 950.000 voix, ce qui reste d’ailleurs largement insuffisant pour lui permettre de passer au premier tour, la demande ayant été largement supérieure à l’offre. Où sont donc passés les millions de militants et sympathisants libéraux qui, les 14 juillet et 23 décembre 2011, auraient envahi la VDN pour encenser leur leader ? Qu’en-est-il des méga-meetings tenus durant la campagne électorale ? Il faudra que les tenants du pouvoir se résolvent à ne plus considérer comme une adhésion à leurs politiques et programmes néfastes, l’affluence “populaire” à leurs manifestations politiques, qui repose le plus souvent sur de généreuses rétributions et des T-shirts.
Une opposition victorieuse, mais trop hétérogène
Ainsi donc, les forces de l’Opposition républicaine auront réussi à mettre en ballottage défavorable le président sortant malgré son entêtement suicidaire, les moyens financiers colossaux mis à sa disposition et tirés du patrimoine national, et la complicité active d’une Police nationale instrumentalisée. Cette opposition républicaine, pour avoir différé plusieurs batailles dont celles contre le limogeage arbitraire de l’ancien président de la CENA, la nomination des membres controversés du Conseil Constitutionnel, le redécoupage des collectivités locales, la réduction drastique du pouvoir d’achat des couches populaires s’est retrouvée, à la veille des élections, devant l’inextricable défi de devoir gérer une campagne électorale et un processus insurrectionnel, de type guérilla urbaine. Cette gageure ainsi que la nature hétérogène voire hétéroclite de ses divers regroupements, notamment les diverses coalitions électorales et le M23, n’ont pas permis au mouvement démocratique national d’adopter une démarche consensuelle et cohérente. C’est ainsi qu’on va observer une guerre feutrée entre les politiciens pragmatiques déjà en pleine campagne électorale et les “preux chevaliers” de la Place de l’Indépendance, chacun cherchant à s’attribuer le beau rôle avec de forts relents électoralistes. Il aurait pourtant été plus sage de se concerter et de définir une position commune, en partant du rapport de forces réel sur le terrain. La candidature de l’Unité et du Rassemblement, dont le camp de Macky Sall n’a jamais voulu, a été torpillée aussi bien par les prétentions excessives ou l’impatience de jeunes loups aux dents longues du FSD/BJ ou des Bennoo Taxawal Senegaal ou Alternative 2012, que par la rivalité stérile et suicidaire de socio-démocrates d’un certain âge, qui finiront par se diviser en deux autres Bennoo. Drôle d’unité ! Les résultats du premier tour sont venus remettre chacun à sa place et confirmer de manière irréfutable, que moins d’égocentrisme et un peu plus de dépassement auraient pu permettre de mener de manière plus efficace et plus homogène la bataille contre la candidature anticonstitutionnelle de Wade ou pour son élimination dès le premier tour, le cas échéant. En effet, le vote utile aurait alors davantage profité au candidat de l’Unité et du Rassemblement.
Des mérites et des limites du futur président
Le maire de Fatick qui incarne tous les espoirs populaires de mettre fin au régime autocratique de Wade aura fort à faire, après sa victoire du 25 mars prochain. En effet, malgré les qualités qu’on lui prête, il sera forcément handicapé par la jeunesse de son parti et l’afflux massif et prévisible de transhumants du PDS, qu’il n’a pas encore les moyens politiques d’éconduire. De plus, face au lourd héritage wadiste, il risque de bénéficier d’une très courte période de grâce, comme l’indique l’indifférence des syndicats enseignants face à sa demande de trêve pour sauver l’année scolaire. Il faut reconnaître, que dans la dernière période, la classe politique s’est plus focalisée sur les enjeux de pouvoir – pour une fois étroitement liés à la défense de la Constitution et des droits citoyens- que sur les multiples luttes syndicales en cours.
Les forces de gauche interpellées
C’est le lieu de déplorer le hiatus observé entre les nobles combats politiques autour de la nouvelle citoyenneté et les multiples batailles sociales aussi nombreuses que désordonnées, ce qui interpelle au premier plan les partis de gauche, qui doivent se remettre à la tâche. Il s’agit de débarrasser le mouvement syndical des bonzes corrompus qui le paralysent et d’aider à une meilleure coordination des luttes syndicales, qui doivent s’élever au dessus du corporatisme stérile et étroit et se hisser au niveau des grandes batailles démocratiques et patriotiques. Il ne doit pas forcément être de l’intérêt des forces progressistes de notre pays, à la veille des élections législatives de Juin prochain, de siéger dans un gouvernement de la Coalition Macky 2012, qui ne semble manquer ni de technocrates ni de cadres politiques de haut niveau. Les forces de gauche doivent éviter les pièges qui auront coûté très cher au défunt pôle de gauche, lors de la première alternance démocratique, en 2000. Il s’agit simplement de poser comme plateforme minimale, la satisfaction des exigences incontournables de la nouvelle citoyenneté, afin d’installer notre pays dans une nouvelle ère démocratique caractérisée par la bonne gouvernance et un processus électoral consensuel permettant des alternances sans heurts. Une fois, les élections législatives terminées, rien ne s’oppose à la constitution d’un gouvernement de coalition, pour faire face aux urgences sociales aggravées par la gouvernance wadiste et mener à bien l’ensemble des réformes institutionnelles prévues dans le document final des Assises Nationales.
Il faut reconnaître que les forces politiques de gauche, auxquelles certains observateurs reprochent leur absence de renouvellement et leur immobilisme depuis plusieurs décennies, ont été éclipsées durant la dernière période par le mouvement citoyen conduit par les jeunes rappeurs de Y’EN A MARRE et les organisations de la société civile. La gauche peut retrouver son dynamisme et son prestige d’antan, en obtenant la majorité absolue aux prochaines élections législatives, ce qui constitue la garantie la plus sérieuse pour la mise en œuvre effective et complète des conclusions des Assises Nationales.
[1] Dans le deuxième livre de La République, Platon raconte l'histoire de Gygès qui trouve un anneau qui lui permet de devenir invisible. Grâce à cette invisibilité, il complote avec la reine et assassine le roi pour s'emparer du pouvoir.
Wade, un hôte indésirable
L’issue du scrutin du 26 Février 2012, qui a opposé treize candidats et un fantôme est connue : un second tour va prochainement opposer le candidat Macky au génie malfaisant, qui depuis un certain 19 mars 2000, hante les allées de notre République. Ndiombor, comme Gygès[1] et son anneau d’invisibilité, cherche à s’emparer illégalement du pouvoir par des procédés aussi frauduleux les uns que les autres, tels que la violation de la Constitution, le reniement de la parole donnée, la corruption des 5 membres du Conseil constitutionnel, la recherche effrénée de ndigël, l’achat de conscience, la fraude électorale… C’est ainsi que, malgré le fait que des citoyens honnêtes et indignés aient ignoré son “invisible” bulletin de vote, qu’ils n’ont même pas voulu voir, encore moins toucher, les “micro-entrepreneurs” politiques du camp libéral grassement rémunérés et spécialisés dans le convoiement d’applaudisseurs dans les meetings du camp libéral et l’achat de conscience réussiront le triste exploit de lui acheter près de 950.000 voix, ce qui reste d’ailleurs largement insuffisant pour lui permettre de passer au premier tour, la demande ayant été largement supérieure à l’offre. Où sont donc passés les millions de militants et sympathisants libéraux qui, les 14 juillet et 23 décembre 2011, auraient envahi la VDN pour encenser leur leader ? Qu’en-est-il des méga-meetings tenus durant la campagne électorale ? Il faudra que les tenants du pouvoir se résolvent à ne plus considérer comme une adhésion à leurs politiques et programmes néfastes, l’affluence “populaire” à leurs manifestations politiques, qui repose le plus souvent sur de généreuses rétributions et des T-shirts.
Une opposition victorieuse, mais trop hétérogène
Ainsi donc, les forces de l’Opposition républicaine auront réussi à mettre en ballottage défavorable le président sortant malgré son entêtement suicidaire, les moyens financiers colossaux mis à sa disposition et tirés du patrimoine national, et la complicité active d’une Police nationale instrumentalisée. Cette opposition républicaine, pour avoir différé plusieurs batailles dont celles contre le limogeage arbitraire de l’ancien président de la CENA, la nomination des membres controversés du Conseil Constitutionnel, le redécoupage des collectivités locales, la réduction drastique du pouvoir d’achat des couches populaires s’est retrouvée, à la veille des élections, devant l’inextricable défi de devoir gérer une campagne électorale et un processus insurrectionnel, de type guérilla urbaine. Cette gageure ainsi que la nature hétérogène voire hétéroclite de ses divers regroupements, notamment les diverses coalitions électorales et le M23, n’ont pas permis au mouvement démocratique national d’adopter une démarche consensuelle et cohérente. C’est ainsi qu’on va observer une guerre feutrée entre les politiciens pragmatiques déjà en pleine campagne électorale et les “preux chevaliers” de la Place de l’Indépendance, chacun cherchant à s’attribuer le beau rôle avec de forts relents électoralistes. Il aurait pourtant été plus sage de se concerter et de définir une position commune, en partant du rapport de forces réel sur le terrain. La candidature de l’Unité et du Rassemblement, dont le camp de Macky Sall n’a jamais voulu, a été torpillée aussi bien par les prétentions excessives ou l’impatience de jeunes loups aux dents longues du FSD/BJ ou des Bennoo Taxawal Senegaal ou Alternative 2012, que par la rivalité stérile et suicidaire de socio-démocrates d’un certain âge, qui finiront par se diviser en deux autres Bennoo. Drôle d’unité ! Les résultats du premier tour sont venus remettre chacun à sa place et confirmer de manière irréfutable, que moins d’égocentrisme et un peu plus de dépassement auraient pu permettre de mener de manière plus efficace et plus homogène la bataille contre la candidature anticonstitutionnelle de Wade ou pour son élimination dès le premier tour, le cas échéant. En effet, le vote utile aurait alors davantage profité au candidat de l’Unité et du Rassemblement.
Des mérites et des limites du futur président
Le maire de Fatick qui incarne tous les espoirs populaires de mettre fin au régime autocratique de Wade aura fort à faire, après sa victoire du 25 mars prochain. En effet, malgré les qualités qu’on lui prête, il sera forcément handicapé par la jeunesse de son parti et l’afflux massif et prévisible de transhumants du PDS, qu’il n’a pas encore les moyens politiques d’éconduire. De plus, face au lourd héritage wadiste, il risque de bénéficier d’une très courte période de grâce, comme l’indique l’indifférence des syndicats enseignants face à sa demande de trêve pour sauver l’année scolaire. Il faut reconnaître, que dans la dernière période, la classe politique s’est plus focalisée sur les enjeux de pouvoir – pour une fois étroitement liés à la défense de la Constitution et des droits citoyens- que sur les multiples luttes syndicales en cours.
Les forces de gauche interpellées
C’est le lieu de déplorer le hiatus observé entre les nobles combats politiques autour de la nouvelle citoyenneté et les multiples batailles sociales aussi nombreuses que désordonnées, ce qui interpelle au premier plan les partis de gauche, qui doivent se remettre à la tâche. Il s’agit de débarrasser le mouvement syndical des bonzes corrompus qui le paralysent et d’aider à une meilleure coordination des luttes syndicales, qui doivent s’élever au dessus du corporatisme stérile et étroit et se hisser au niveau des grandes batailles démocratiques et patriotiques. Il ne doit pas forcément être de l’intérêt des forces progressistes de notre pays, à la veille des élections législatives de Juin prochain, de siéger dans un gouvernement de la Coalition Macky 2012, qui ne semble manquer ni de technocrates ni de cadres politiques de haut niveau. Les forces de gauche doivent éviter les pièges qui auront coûté très cher au défunt pôle de gauche, lors de la première alternance démocratique, en 2000. Il s’agit simplement de poser comme plateforme minimale, la satisfaction des exigences incontournables de la nouvelle citoyenneté, afin d’installer notre pays dans une nouvelle ère démocratique caractérisée par la bonne gouvernance et un processus électoral consensuel permettant des alternances sans heurts. Une fois, les élections législatives terminées, rien ne s’oppose à la constitution d’un gouvernement de coalition, pour faire face aux urgences sociales aggravées par la gouvernance wadiste et mener à bien l’ensemble des réformes institutionnelles prévues dans le document final des Assises Nationales.
Il faut reconnaître que les forces politiques de gauche, auxquelles certains observateurs reprochent leur absence de renouvellement et leur immobilisme depuis plusieurs décennies, ont été éclipsées durant la dernière période par le mouvement citoyen conduit par les jeunes rappeurs de Y’EN A MARRE et les organisations de la société civile. La gauche peut retrouver son dynamisme et son prestige d’antan, en obtenant la majorité absolue aux prochaines élections législatives, ce qui constitue la garantie la plus sérieuse pour la mise en œuvre effective et complète des conclusions des Assises Nationales.
PTW
[1] Dans le deuxième livre de La République, Platon raconte l'histoire de Gygès qui trouve un anneau qui lui permet de devenir invisible. Grâce à cette invisibilité, il complote avec la reine et assassine le roi pour s'emparer du pouvoir.