Au moment où
les autorités gouvernementales sénégalaises sont en train de finaliser, à
mi-mandat, le centre de conférences de Diamniadio d’un coût de plusieurs dizaines de milliards,
les agents de santé, agents d’hygiène et sapeurs-pompiers, restent très
dépourvus pour la gestion des cas suspects d’Ebola, ce qui pourrait favoriser
l’extension rapide d’éventuels cas confirmés. Que fait donc la Commission
chargée de la logistique au sein du Comité national de gestion des épidémies ?
Dans la lutte contre la fièvre hémorragique due au virus Ebola, les
autorités ministérielles sénégalaises ont certes engrangé quelques acquis,
particulièrement dans les volets Communication et Collecte de fonds, ce qui leur
a d’ailleurs valu les chaleureuses félicitations d’officiels américains et
français !
Cela ne peut nous empêcher de nous interroger
sur la pertinence de la mise en exergue de la guérison de notre seul cas
confirmé mais importé, alors qu’il s’agit plutôt d’empêcher l’apparition de
nouveaux cas et leur extension, ce que seules des stratégies communautaires
peuvent permettre de réaliser. C’est pourquoi, les autorités sanitaires locales
ne comprennent pas le fait que leurs plans communautaires de lutte contre la
maladie due au virus d’Ebola, élaborés depuis le mois d’Avril ne soient pas
toujours financés.
Selon les sources officielles, désireuses d’éviter la mise en quarantaine de
notre pays, pour des raisons d’ordre religieux (pèlerinage à la Mecque) ou
économiques (fuite des touristes ou investisseurs), le Sénégal serait donc
exempt du virus de la fièvre hémorragique Ebola. N’eut été ce jeune guinéen orphelin
et déboussolé, que certains de nos compatriotes atterrés qualifient de « dément »
ou de « démoniaque », à l’origine de notre seul cas importé, le nom
de notre pays n’aurait jamais dû être associé – selon eux – à cette épidémie
« avilissante » n’atteignant que des pays tout juste sortis de
guerres meurtrières et fratricides ou d’autres disposant certes de ressources abondantes,
mais victimes d’une mal-gouvernance patente, car ayant eu la malchance d’être dirigés,
depuis leur entrée majestueuse et remarquable dans le concert des nations
indépendantes, par des dirigeants paranoïaques, burlesques ou tout simplement
incompétents et cupides !
Mais force est de constater, avec regret, que l’épidémie d’Ebola pourrait tout
de même atteindre notre contrée bénie, où reposent tant de saintes
créatures ! Il est, en tout cas clair que ce n’est pas la simple fermeture
de frontières artificielles, dont la perméabilité est établie, qui nous
préservera d’une contagion quasi-inéluctable. Cela n’est pas forcément de la
faute des pouvoirs publics, mais notre sort peu enviable est lié à des
contraintes en rapport avec notre géographie, notre histoire et des paramètres
socio-anthropologiques.
Tant et si bien que le virus Ebola pourrait apparaître en n’importe quel
point du territoire national, ce qui rend d’autant plus impératif le
renforcement de la surveillance épidémiologique. Aucun cas ne doit
échapper au système national de santé, qui devra circonscrire tout nouveau
foyer qui pourrait apparaître !
Mais cela suppose que les agents de première ligne comme les personnels en
charge des consultations primaires curatives diurnes et nocturnes, de la prise
en charge des urgences médicales, chirurgicales et gynéco-obstétricales, du
suivi des contacts, de la gestion des cadavres et de la désinfection des locaux
(agents de santé, sapeurs-pompiers, agents d’hygiène…) soient mis dans des conditions
de sécurité adéquates.
C’est le lieu de réclamer pour tous ces travailleurs de la Santé et de
l’Action Sociale, découragés par une
bureaucratie syndicale apathique et ces hommes de tenue n’ayant pas le droit de
grève, des mesures de protection adéquates, car il est inconcevable d’aller à la guerre
sans armes, même si on accepte le principe de ne pas lui survivre !
Une note de rappel à l’intention des médecins-chefs et directeurs d’hôpitaux
sur la nécessité pour les agents de prendre des mesures de protection contre
l’agent causal de la fièvre hémorragique à Ebola est certes un pas dans la
bonne direction. Mais compte-tenu du marasme économique ambiant régnant dans
les structures de santé saignées à blanc par des politiques de gratuité
hasardeuses, la non-exécution des fonds de dotation décentralisés aggravée par
le fameux acte 3, les coupes sombres opérées sur les budgets du ministère de la
santé et de l’action sociale et la
spirale indemnitaire entrée dans les mœurs hospitalières, il semble qu’il
faille se décider, pour éviter la survenue de drames inutiles, à approvisionner,
à partir des ressources nationales centrales (y compris les plus occultes),
toutes les structures sanitaires, sans oublier le casernes de sapeurs-pompiers
et les brigades d’hygiène en matériel de détection des cas suspects
(thermo-flash) et de protection (gants, masques, antiseptiques, solutions
hydro-alcooliques, équipements de protection individuels…)
Seul un maillage correct du territoire national par des agents aguerris et
rassurés parce que protégés par des équipements suffisants et de qualité
permettra de circonscrire les éventuels cas qui pourraient survenir et éviter
leur propagation dans les quartiers surpeuplés de la grande et populeuse
agglomération dakaroise, caractérisés par une promiscuité effroyable. Il faudra
également que l’Etat assure – en cas de besoin- la subsistance des cas suspects
confinés dans leurs domiciles pendant trois semaines.
Car notre pays n’a que faire d’une épidémie d’Ebola !
Nous avons - pour ceux qui ne s’en seraient pas aperçus – une conférence
francophone à organiser ! Pour cela, nous avons construit, en quelques
mois, un centre de conférence moderne pour accueillir le XVe Sommet de la Francophonie prévu les 28 et 29 novembre 2014 à
Dakar. Et cela, malgré les délestages électriques, les coupures d’eau, les retards
de paiement de bourses ou de salaires d’enseignants titulaires ou
vacataires !
Ce sommet, qui rappelle celui de l’Organisation de la Conférence Islamique,
serait-il destiné à tenir en haleine le peuple sénégalais en direction des
prochaines élections présidentielles ? Voudrait-on nous faire miroiter le
mirage d’une nouvelle politique d’aménagement du territoire permettant
l’accès à des infrastructures modernes pour décongestionner la capitale
dakaroise ?
La meilleure stratégie électorale, pour convaincre le peuple sénégalais très
éprouvé ces derniers temps, devrait consister à satisfaire la demande sociale
pressante, à commencer par la maîtrise et le contrôle de la fièvre hémorragique
due au virus d’Ebola.
NIOXOR TINE
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