dimanche 23 mars 2014

ELECTIONS LOCALES ET ACTE 3: ENTRE CONFUSION ET REGRESSION DEMOCRATIQUE !

          Les élections locales prochaines s’annoncent sous les plus mauvais auspices.   
          Le peuple des Assises continue de broyer du noir. En effet, comme si de rien n’était, la Coalition Bennoo Bokk Yakaar continue son petit bonhomme de chemin, sans programme ni boussole, faisant entière confiance à un Président qui pose des actes des plus préoccupants, loin d’être conformes à l’esprit de l’émergence citoyenne et de la refondation institutionnelle.
          En effet, certains cercles “yakaaristes”, constatant le manque d’attractivité de leur Parti, qui peine à se massifier, semblent vouloir faire tourner à l’envers la roue de l’histoire, ayant même voulu imposer une réforme du code électoral pour un retour au scrutin majoritaire intégral. Conscients du faible niveau organisationnel de leur formation politique, ils cherchent à user de subterfuges pour reprendre la direction d'importantes collectivités locales des mains de l’Opposition, mais aussi de leurs alliés de Bennoo Bokk Yakaar. C’est ainsi qu’il faut comprendre des manœuvres  telles que la nomination d’un ministre de l’Intérieur politique et partisan, le refus de permettre à des listes indépendantes de participer au scrutin local, l’affaiblissement des Villes et la suppression des Régions, qui semblent relever de calculs politiciens et mesquins au moment où le peuple sénégalais aspire à une véritable refondation institutionnelle. C’est ce qui a fait dire à certains politologues avertis que ces élections locales devraient se tenir après adoption, par référendum, des recommandations de la CNRI.
          Sur le plan institutionnel, il y a certes eu quelques initiatives louables, dont la fameuse traque des biens mal acquis et la toute récente loi sur la déclaration de patrimoine, mais elles ne donnent pas l’impression de s’inscrire dans une logique d’ensemble, ayant pour socle une réforme cohérente des Institutions, telle que proposée par la Commission Nationale de Réforme des Institutions. Elles semblent plutôt relever d’un saupoudrage électoraliste, mais aussi d’un désir de neutraliser la plateforme citoyenne du Peuple des Assises dont les principaux porte-drapeaux se sont retrouvés piégés par la “lutte des places” et la “complicité gouvernementale”.
          C’est pourquoi, une réforme telle que l’acte 3, loin de promouvoir la démocratie locale et le développement multisectoriel à la base, risque plutôt de faire immerger le processus pluri-décennal de décentralisation de notre pays dans un imbroglio inextricable.
          En outre, la rivalité féroce à laquelle se livrent les hommes politiques au sein d’un même Parti ou d’une même Coalition risque de rendre illisibles les résultats des prochaines consultations locales, contrairement à celles de 2009, au cours desquelles, la plateforme des Assises avait permis de délimiter deux camps politiques bien distincts.
          Cela doit nous amener à poser le débat sur la pertinence de la coalition Bennoo Bokk Yakaar, dont on veut faire une alliance stratégique sans programme au moment même où on fait des appels du pied en direction d’anciens caciques libéraux, dont certains ont même mis sur pied une Coalition pour l’Emergence pour soutenir le Président Macky Sall.
          Loin de poser les jalons vers une véritable décentralisation par la légitimation de l’action publique locale et une véritable territorialisation des politiques publiques, les élections locales à venir semblent surtout devoir être caractérisées par une volonté d’accaparement  du pouvoir local par les tenants du Yoonu Yokkute et leurs affidés.
NIOXOR TINE


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