Les élections locales
prochaines s’annoncent sous les plus mauvais auspices.
Le peuple des Assises continue de broyer du
noir. En effet, comme si de rien n’était, la Coalition Bennoo Bokk Yakaar
continue son petit bonhomme de chemin, sans programme ni boussole, faisant
entière confiance à un Président qui pose des actes des plus préoccupants, loin
d’être conformes à l’esprit de l’émergence citoyenne et de la refondation institutionnelle.
En effet, certains cercles
“yakaaristes”, constatant le manque d’attractivité de leur Parti, qui peine à
se massifier, semblent vouloir faire tourner à l’envers la roue de l’histoire, ayant même voulu imposer une réforme du code électoral
pour un retour au scrutin majoritaire intégral. Conscients du faible niveau
organisationnel de leur formation politique, ils cherchent à user de
subterfuges pour reprendre la direction d'importantes collectivités locales des
mains de l’Opposition, mais aussi de leurs alliés de Bennoo Bokk Yakaar. C’est
ainsi qu’il faut comprendre des manœuvres
telles que la nomination d’un ministre de l’Intérieur politique et
partisan, le refus de permettre à des listes indépendantes de participer au
scrutin local, l’affaiblissement des Villes et la suppression des Régions, qui
semblent relever de calculs politiciens et mesquins au moment où le peuple
sénégalais aspire à une véritable refondation institutionnelle. C’est ce qui a
fait dire à certains politologues avertis que ces élections locales devraient
se tenir après adoption, par référendum, des recommandations de la CNRI.
Sur le plan institutionnel, il y a
certes eu quelques initiatives louables, dont la fameuse traque des biens mal
acquis et la toute récente loi sur la déclaration de patrimoine, mais elles ne
donnent pas l’impression de s’inscrire dans une logique d’ensemble, ayant pour
socle une réforme cohérente des Institutions, telle que proposée par la
Commission Nationale de Réforme des Institutions. Elles semblent plutôt relever
d’un saupoudrage électoraliste, mais aussi d’un désir de neutraliser la
plateforme citoyenne du Peuple des Assises dont les principaux porte-drapeaux se
sont retrouvés piégés par la “lutte des places” et la “complicité
gouvernementale”.
C’est pourquoi, une réforme telle que
l’acte 3, loin de promouvoir la démocratie locale et le développement
multisectoriel à la base, risque plutôt de faire immerger le processus
pluri-décennal de décentralisation de notre pays dans un imbroglio
inextricable.
En outre, la rivalité féroce à
laquelle se livrent les hommes politiques au sein d’un même Parti ou d’une même
Coalition risque de rendre illisibles les résultats des prochaines
consultations locales, contrairement à celles de 2009, au cours desquelles, la
plateforme des Assises avait permis de délimiter deux camps politiques bien
distincts.
Cela doit nous amener à poser le
débat sur la pertinence de la coalition Bennoo Bokk Yakaar, dont on veut faire
une alliance stratégique sans programme au moment même où on fait des appels du
pied en direction d’anciens caciques libéraux, dont certains ont même mis sur
pied une Coalition pour l’Emergence pour soutenir le Président Macky Sall.
Loin de poser les jalons vers une
véritable décentralisation par la légitimation de l’action publique locale et
une véritable territorialisation des politiques publiques, les élections
locales à venir semblent surtout devoir être caractérisées par une volonté
d’accaparement du pouvoir local par les
tenants du Yoonu Yokkute et leurs affidés.
NIOXOR TINE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire