PRÉSENTATION DE L’AUTEUR
  
Dr Mohamed Lamine LY a fait ses études primaires à Matam, Diourbel et Ziguinchor.
  
Il a fréquenté le lycée Lamine GUEYE de 1970 à 1977. Il a ensuite poursuivi des études médicales à la Faculté
    de Médecine de Dakar, qu’il terminera en janvier 1986. Il milite au PIT-Sénégal depuis une trentaine d'années. 
  
Ce
 recueil comprend trente-quatre contributions, toutes rédigées par le Dr
 Mohamed Lamine LY dit Issa, qui n’en a signé
    que sept de son propre nom et dix-sept autres sous le surnom de 
Nioxor Tine. Pour les dix autres, il a utilisé divers pseudonymes : 
Presque tous ces écrits sont parus dans des quotidiens
    dakarois ou sur des sites web sénégalais (leral.net, senenews.com, 
nettali.net, pressafrik.com…etc.).
 
  
En
 2000, le peuple sénégalais venait de sortir de terribles années 
d’ajustement structurel, qui avaient
    exacerbé la demande sociale, mais qui étaient néanmoins marquées par
 certaines concessions du président Abdou Diouf, sur les questions ayant
 trait à démocratie représentative et à l’implication
    de forces politiques diverses à la gestion des affaires publiques. 
En témoigne le code électoral de 1992 adopté, de manière consensuelle, 
par l’ensemble de la classe politique.
  
C’est
 d’ailleurs cela qui facilitera la survenue pacifique de l’Alternance 
historique de mars 2000, grâce à
    la pression populaire appuyée par les partis d’opposition. Après 
avoir fait sauter le verrou du Parti-Etat socialiste cinquantenaire, qui
 avait pris le Sénégal et son président en otage, WADE et
    ses alliés disposaient, désormais d’énormes potentialités pour 
l’instauration d’une bonne gouvernance et d’une véritable émergence 
économique. Hélas, très vite, tous les hommes de raison se
    rendirent compte, que les électeurs sénégalais loin d’avoir choisi 
l’homme qu’il fallait pour conduire les ruptures attendues, devaient se 
contenter d’un président par défaut, qui fera main basse
    sur toutes les institutions de la République.
  
Nous
 espérons, qu’au fil des contributions d’un simple militant politique – 
et non d’un politologue – qu’est
    l’auteur, qui milite depuis plus de trente ans au PIT-Sénégal, les 
lecteurs se feront une petite idée de la gouvernance wadiste, qui a 
failli faire basculer notre beau pays dans l’horreur.
  
L’ouvrage est divisé en quatre grandes périodes :
  
-         
    Première période de mars 2000 à février 2007: du Parti-Etat socialiste au Parti-Etat libéral, le temps des
    reniements
  
-         
    Deuxième période: de la ″victoire électorale″ des libéraux en mars 2007 a leur défaite politique en mars 2009, le
    temps des assises
  
-         
    Troisième période du 19 mars 2011 au 25 mars 2012 : le temps des révoltes citoyennes
  
-         
    Quatrième période : à partir du 25 mars 2012, le temps des ruptures attendues
  
 Première période de mars 2000 à février 2007: du Parti-Etat socialiste au
    Parti-Etat libéral, le temps des reniements
  
Après
 des décennies de lutte pour un scrutin transparent, l’élection 
présidentielle de
    2000 a finalement satisfait à des normes minimales de régularité, 
sous la contrainte du mouvement démocratique et populaire, malgré un 
fichier électoral tronqué, permettant ainsi l’Alternance au
    sommet de l’Etat. Moins deux mois après le 19 mars 2000, certains 
observateurs avertis  de la scène politique  s’étaient rendu compte du 
fait, que le Président WADE avait déjà tourné le
    dos aux engagements auxquels il  avait souscrits dans le cadre du 
programme de la CA2000. Visiblement, le leader du PDS sous-estimait 
l’importance des questions institutionnelles, aidé en
    cela, par la dislocation du pôle de gauche. C’est ainsi qu’on parlera de risques de hold-up sur
    l’alternance,
 braquage qui va finalement réussir au-delà des espérances de ses 
initiateurs pour le plus grand malheur du peuple
    sénégalais. Les patriotes véritables se sont désolés du fait, que la
 classe politique, à quelques rares exceptions, semblait se satisfaire 
d’un simple changement d’hommes à la tête de l’Etat, au
    lieu d’œuvrer pour une rupture radicale avec l’ancien mode de 
gouvernance  du parti « socialiste ». 
  
Vint alors le référendum sur la nouvelle constitution,
 qui allait susciter beaucoup de déception au sein des forces de gauche.
 En effet, hormis l’octroi de droits d'accès à la propriété pour des
    femmes, (sans leur garantir une réelle indépendance économique), la 
Constitution de WADE a surtout raffermi le pouvoir présidentiel, comme 
le montrent les quelques mesures
    suivantes :
  
- Maintien des prérogatives accordées au gouvernement et à son chef, qui sont chargés de matérialiser les désidératas du Président de la république, qui, seul, détermine la politique de la Nation (article 42) ;
 
- Fragilisation du Premier Ministre qui peut aussi bien être victime d’un vote de défiance ou d’une motion de censure de la part de l’Assemblée (article 86), que d’un limogeage de la part du Président de la République (article 49) ;
 
- Primauté de la fonction présidentielle sur celle dévolue à l’Assemblée Nationale pouvant être dissoute (article 87), par un décret présidentiel après les deux premières années d’existence, contrairement aux promesses d’instauration d’un régime parlementaire ;
 
- Dépendance du pouvoir judiciaire par rapport à celui exécutif (conseil supérieur de la magistrature sous la coupe réglée du Président de la république, maintien du ministère de la Justice).
 
Certains thuriféraires wadistes, surfant sur l’euphorie de début de règne commencèrent à divaguer, en parlant
    d’alliance stratégique du Front pour l’Alternance
 (FAL), oubliant que les reniements et la conception très personnalisée 
du pouvoir de leur mentor
    compromettaient irrémédiablement les bénéfices qu’un processus 
démocratique véritable aurait pu tirer de la diversité des classes et 
couches sociales impliquées dans son avènement.
  
 Le
 régime du président Wade, va profiter d’un état de grâce  
exceptionnellement long, après la
    chute du pouvoir du parti socialiste honni, qui n’avait réussi à 
trouver de réponses ni à la problématique de la demande sociale, ni aux 
enjeux de l’approfondissement de la démocratie. Le refus
    du président WADE d’initier les ruptures attendues va compliquer la 
tâche aux patriotes et démocrates sincères, qui, comme pris entre deux 
feux, entre le
    marteau libéral et l’enclume socialiste,  tenteront d’attirer 
l’attention des masses populaires sur le dévoiement en cours du 
processus de rénovation démocratique initié, le 19 mars
    2000.
  
         
 Lors du référendum du 7 janvier 2001, on a pu observer
    94% d’approbation de la constitution sur un taux de participation de
 65,74 %. Seuls trois partis (PIT, Jëf Jël, MDS_Niax_Djarignou) avaient 
prôné le boycott du scrutin référendaire, tous les
    autres, y compris le parti socialiste avaient appelé à voter la 
nouvelle constitution proposée par le président WADE. Ce contexte 
d’unanimisme béat n’a fait que consolider les velléités
    dictatoriales du nouveau Président, qui s’attelait déjà à poser 
méthodiquement les jalons d’un « despotisme éclairé » ou « césarisme 
démocratique », comme il l’a avoué en
    2003, dans une livraison du Figaro. Après avoir abusivement renforcé
 la composante majoritaire du mode de scrutin, au détriment de celle 
proportionnelle, promu la transhumance, en débauchant des
    centaines de responsables du parti socialiste, Wade va rompre avec 
tous ceux qui osaient contester son leadership, notamment son Premier 
Ministre Niasse, le 03 mars 2001, un peu plus de trois
    mois après le limogeage d’Amath Dansokho, le 23 novembre 2000. Il 
créait toutes les conditions de sa mainmise sur l’Assemblée Nationale, 
obtenant ainsi une majorité écrasante mais
    précaire.
  
Le
 dimanche 28 août 2005, alors que Dakar et sa banlieue étaient sous les 
eaux pluviales, subissant de très graves
    inondations,  le Président Abdoulaye Wade tiendra un discours à la 
Nation, au cours duquel, il annonça son fameux plan Jaxaay. Craignant 
d’être sanctionné lors des élections législatives
    initialement prévues pour le mois d’avril 2006, Me WADE, s’adonnant à
 un exercice insensé de météorologie politique,
 prit le parti de reporter les
    législatives, qu’il décida de coupler avec les prochaines 
présidentielles de 2007.  Il faut dire, qu’à l’époque, le parti 
démocratique sénégalais connaissait de sérieuses difficultés liées,
    entre autres à l’affaire des Chantiers de Thiès et à plusieurs 
départs de ses responsables les plus en vue. Il invoqua alors comme 
prétexte, la réallocation du budget initialement prévu pour
    l’organisation du scrutin au soutien des populations sinistrées et à
 la restructuration des zones inondables.
  
Le naufrage du Joola va cristalliser la mal-gouvernance et l’amateurisme du nouveau pouvoir libéral, qui préféra consacrer 18 milliards à la réparation de l’avion présidentiel au lieu d’acquérir un deuxième moteur à 250 millions de francs, au profit du seul bateau assurant la liaison Dakar-Ziguinchor. Le Premier ministre d’alors, Mme Mame Madior Boye fera office de fusible, malgré son excès de zèle et son dévouement aveugle pour quelqu’un qui ne le méritait visiblement pas.
         
 Le 6 novembre 2002, Idrissa SECK sera promu au rang de
    Premier Ministre, marquant ainsi ce qui devait être la restitution à
 un Parti Démocratique Sénégalais, qui commençait à douter et à piaffer 
d’impatience, de sa suprématie sur toutes les autres
    formations politiques. Pour rappel, depuis son accession au pouvoir,
 le parti du Président n’était jamais allé seul aux élections et la 
Coalition SOPI, à laquelle, il était partie prenante, était
    même devenue minoritaire dès avril 2001, n’ayant engrangé que 49,6% 
des suffrages, lors des élections législatives d’avril 2001. Idrissa 
Seck, ayant succédé à Mame Madior Boye (mars 2001 – 4
    novembre 2002), dirigera deux gouvernements, dans lesquels siégeront
 la LD/MPT et AJ/PADS et sera finalement limogé de la Primature, le 21 
avril 2004, sur la base d’un fatras d’accusations
    inextricables de détournements de deniers publics puis d’atteinte à 
la Sûreté de l’Etat. Face à l’instabilité gouvernementale chronique, au 
malaise social et aux tiraillements incessants entre
    membres du PDS, le moment semblait venu d’évoluer vers de nouveaux 
concepts, comme celui de ″transition vers la post-alternance″.
  
En effet, les journalistes et les observateurs politiques les plus doués
    étaient convaincus de la défaite du président WADE aux élections présidentielles de 2007.
  
 DEUXIEME PERIODE: DE LA ″VICTOIRE ELECTORALE″ DES LIBERAUX EN MARS 2007 A LEUR DEFAITE POLITIQUE EN
    MARS 2009, LE TEMPS DES ASSISES
  
         
 Le débat sur la régularité des élections
    présidentielles du 25 février 2007 n’a pas lieu d’être, si on 
considère l’achat massif de conscience, à une échelle 
quasi-industrielle, auquel se sont adonné le parti démocratique 
sénégalais et
    ses alliés, et ce jusqu’au jour du scrutin.  Chefs religieux, 
militants des partis d’opposition, mandataires de la CEDA, 
fonctionnaires de l’administration territoriale ont, sinon bénéficié
    des largesses des dignitaires libéraux, tout au moins subi des 
pressions inouïes, dans le but de permettre la réélection du président 
WADE au premier tour.
  
Ce
 qui a été déterminant dans la reconduction du président sortant, c’est 
davantage la division
    des partis de l’Opposition avec quatorze candidats déclarés et la 
passivité dont ils auront fait montre devant les manœuvres des libéraux 
(rétention de cartes électorales, situation plus que
    confuse dans les centres de vote de Touba, dans le Fatick, aux 
Parcelles Assainies, prolongation exagérée des opérations de vote 
occasionnant d’innombrables fraudes électorales ou vols de nuits, …)
  
         
 L’organisation du sommet de l’Organisation de la
    Conférence Islamique (OCI), qui s'est tenue à Dakar du 7 au 14 mars 
2008 à Dakar, a joué un grand rôle dans la réélection du président WADE 
en février 2007. De par les innombrables chantiers
    ouverts entravant considérablement la mobilité urbaine et la 
fluidité de flux financiers, dont il s’avèrera, plus tard, qu’il 
s’agissait davantage de pillage du Trésor public national et de
    recyclage d’argent sale que de financement de la part des pays 
arabes, on a relativement réussi à faire miroiter des ″mirages 
islamiques″ à des citoyens pleins de bonne foi et désireux de laisser
    le ″Vieux terminer ses chantiers″.
Par ailleurs, la tentative de faire de ce sommet une rampe de lancement pour le ″prince héritier″, Karim Wade, va lamentablement échouer. Les observateurs n’ont pas manqué de faire le parallèle entre les chantiers de l’ANOCI et ceux de Thiès. C’est précisément le désir du Président de l’Assemblée Nationale de l’époque (actuel Chef de l’Etat), de tirer au clair cette ténébreuse affaire, qui est à l’origine de sa disgrâce et de sa traversée du désert jusqu’aux élections présidentielles de 2012, qui ont vu son accession à la magistrature suprême.
Par ailleurs, la tentative de faire de ce sommet une rampe de lancement pour le ″prince héritier″, Karim Wade, va lamentablement échouer. Les observateurs n’ont pas manqué de faire le parallèle entre les chantiers de l’ANOCI et ceux de Thiès. C’est précisément le désir du Président de l’Assemblée Nationale de l’époque (actuel Chef de l’Etat), de tirer au clair cette ténébreuse affaire, qui est à l’origine de sa disgrâce et de sa traversée du désert jusqu’aux élections présidentielles de 2012, qui ont vu son accession à la magistrature suprême.
La
 meilleure preuve du décalage entre une victoire électorale supposée 
être
    éclatante et un malaise social persistant a été donnée par les 
marchands ambulants de Dakar, considérés depuis toujours par l’élite 
politique, à tort, comme des “encombrements humains”. Le 22
    novembre 2007, ils vont, en effet, faire reculer un pouvoir encore 
auréolé de sa victoire au premier tour de l’élection présidentielle de 
2007 et disposant de 131 députés sur les 150 que comptait
    l’Assemblée Nationale. On se trouvait donc en face d’une dualité : un sommet islamique et un abîme social sans fin.
  
 Il
 devenait alors, de plus en plus urgent, pour les forces d’opposition 
politique
    de faire une introspection et d’inventer une nouvelle manière de 
s’opposer à une autocratie en gestation. C’est ainsi que le Front Siggil
 Senegaal, en accord avec la société civile et une partie
    de l’opposition parlementaire, va lancer les Assises Nationales, qui
 ont été perçues par les militants de gauche et les démocrates sincères 
de notre pays comme une bouffée d’oxygène. Face aux
    dérives wadistes, qui ne constituaient qu’une accentuation des 
recettes éculées du défunt régime socialiste, les forces démocratiques 
et/ou de gauche avaient du mal à justifier leur compagnonnage
    avec des partenaires, qui assumaient toujours quarante années de 
soumission servile aux puissances occidentales, de mal-gouvernance et de
 tripatouillages aussi bien de la loi électorale que de la
    Loi Fondamentale. Les socialistes refusaient obstinément de procéder
 à une autocritique sincère par rapport à leurs pratiques politiques 
tant décriées, sans parler des conséquences à tirer sur le
    plan du personnel politique. 
  
L’article – Assises Nationales : Chants de liberté - publié une semaine après la cérémonie d’ouverture des Assises Nationales, le 1er Juin 2008 etait un hymne à la modestie, à l’humilité, à l’autocritique et à la priorisation des intérêts de la Patrie sur ceux partisans.
Les partis d’opposition et la société civile vont reprendre la main
    face à un pouvoir de plus en plus isolé. Il était même possible de jouer aux apprentis devins, en prédisant une défaite politique de la ″dynastie des
    Wade″ lors des locales de mars 2009.
  
 Cette contribution fut rédigée,
 près d’une semaine après la disparition du Grand Maodo, le 25 janvier 
2009. Ce grand patriote, qui avait été le meilleur symbole d’attachement
 aux intérêts
    de la Patrie, aura été la victime innocente et même un peu naïve 
d’un complot de l’impérialisme international et de ses laquais locaux. A
 sa sortie de prison, en mars 1974, il reconnaîtra
    certaines de ses erreurs d’appréciation et s’alliera avec le PAI, en
 fondant le journal AND SOPPI, qui aura apporté une contribution 
significative au départ de Senghor et à l’ouverture
    démocratique survenue en 1981, avec la reconnaissance de tous les 
partis politiques par le nouveau président Abdou Diouf.
 
  
La
 persécution dirigée contre Macky SALL, quatre ans et demi après la 
cabale organisée contre Idrissa SECK
    était sans doute liée au désir de plus en plus manifeste du 
Président WADE de procéder à une dévolution monarchique du pouvoir au 
profit d’un fils biologique, accusé d’être moins méritant et de
    ne pas avoir le profil de l’emploi. Si on y ajoute le malaise social
 persistant, consécutif au pillage des ressources publiques, les 
innombrables scandales financiers et fonciers, il était
    évident que le pouvoir libéral allait au-devant d’une défaite 
politique majeure, d’autant que les partis d’opposition, en initiant les
 Assises Nationales, faisaient une offre politique plus
    consistante et plus alléchante.
 
  
La victoire amère  des libéraux aux élections locales de mars 2009  enjoignait aux patriotes de se mettre à la hauteur des exigences populaires
 et marquait le début de la fin pour le régime
    libéral, de plus en plus contesté, non seulement à cause des 
velléités de dévolution monarchique du pouvoir, dont on l’accusait, mais
 aussi de la non-satisfaction de la demande sociale, qui avait
    été fatale au régime socialiste. La Coalition SOPI fera moins de 40%
 des voix et perdra dans toutes les grandes villes et agglomérations 
significatives. Néanmoins, l’Opposition, malgré son
    implication dans la dynamique citoyenne des Assises Nationales était
 loin d’être irréprochable. Elle faisait montre de péchés habituels des 
politiciens, hérités essentiellement du parti
    socialiste, que sont la volonté d’accaparement et d’hégémonie, sans 
oublier le clientélisme, toutes choses qui, en les faisant ressembler 
aux politiciens libéraux, contribuaient au discrédit de
    la classe politique dans son ensemble.
Devenu
 politiquement minoritaire, le président Wade, au lieu de prendre des
    mesures politiques idoines, comme cela se fait dans toutes les 
démocraties ″majeures″ – en participant au processus des Assises 
Nationales ou en faisant des concessions politiques significatives
    – choisira de s’enfoncer dans les méandres de la corruption et de la
 mal-gouvernance (affaire Alex Segura) et deviendra le parrain de 
personnages controversés et haut en couleurs comme Dadis
    Camara. Nous sommes dans la période où se déroulent le massacre du 
28 septembre 2009 par la junte militaire guinéenne, l’attribution du 
Prix Nobel de la Paix à Barack Obama, la remise d’une
    mallette bourrée de billets de banque à Alex Segura, les délestages 
intempestifs de la SENELEC, les inondations en banlieue. Devant 
l’ampleur de la souffrance populaire, il est permis de parler
    de génocide moral.
  
C’est
 cela qui conduit le khalife général des Tidianes à appeler la classe 
politique à
    l’apaisement et à la concertation, à l’occasion du Gamou de l’année 
2010.  Néanmoins, des difficultés apparaissent, évoquant un dialogue de sourds
    politique,  liées au fait que WADE persiste dans son entêtement
 à  vouloir instaurer une dévolution monarchique au profit de son fils 
(promu Ministre d’Etat, titulaire de plusieurs
    portefeuilles ministériels) et à son refus de prendre au sérieux le 
processus des Assises Nationales, qui est sur le point de s’achever. Il y
 a également que les ″Assisards″ eux-mêmes peinent à
    mettre en pratique les généreuses idées qu’ils professent au niveau 
des collectivités locales qu’ils gèrent désormais.
  
 TROISIEME PERIODE DU 19 MARS 2011 AU 25 MARS 2012 : LE TEMPS DES REVOLTES
    CITOYENNES
  
         
 Le contexte, en ce mois de mars 2011 était marqué par
    l’apparition du mouvement Y’EN A MARRE, né deux mois auparavant, la 
chute du régime de Ben Ali en Tunisie et les affrontements épiques à la 
place TAHRIR en Egypte, sans oublier la crise
    ivoirienne. Au plan intérieur, on notait un bouillonnement lié à 
l’approche des élections présidentielles de 2012. Sidy Lamine Niasse, 
dirigeant du groupe de presse Walfadjri, la coalition Bennoo
    Siggil Senegaal regroupant plusieurs partis d’opposition, les jeunes
 de Y’EN A MARRE et le PDS envisageaient d’organiser des rassemblements,
 le 19 mars 2011, pour fêter l’an XI de
    l’Alternance.
  
On
 constatait également une implication de plus en plus marquée de 
personnalités de la société civile dans la
    bataille pour le respect de la Constitution et contre la candidature
 illégale et illégitime de WADE. L’inconscient collectif des peuples 
africains en général et sénégalais en particulier, était
    fortement marqué par le printemps arabe. C’est ainsi, qu’outre le 
désir de reproduire la symbolique de Tahrir à la Place de l’Indépendance
 de Dakar, il
    semble flotter comme un parfum de jasmin sur Galsen.
  
         
 Le samedi 19 mars 2011, peu après minuit, Mr Cheikh
    Tidiane SY, ci-devant, tout puissant Ministre d’Etat, ministre de la
 Justice, Garde des Sceaux annonçait la découverte ″d’un complot visant à
 la réalisation d’un coup d’Etat tué dans l’œuf″. Et
    de citer les noms de jeunes militants de partis d’opposition censés 
avoir trempé dans cette conspiration imaginaire, parmi lesquels Cheikh 
NDAO, responsable des fans club de Walf fadjrï,
    Moustapha Ndiarré FAYE, responsable dans Mouvement National des 
Etudiants Socialistes (MNES), Hervé Bangar du MEEPIT, etc. La déclaration nocturne du
    ministre de la Justice est apparue, à l’époque, aux yeux de 
l’opinion comme irresponsable, d’autant qu’elle n’aura aucune suite 
juridique tangible, donnera lieu à de vigoureuses
    protestations des partis d’opposition et organisations de la société
 civile. Elle est caractéristique, au plus haut point, du niveau 
d’arbitraire et d’inconscience qu’avaient atteint les
    responsables libéraux.  Les différentes manifestations annoncées se 
dérouleront, comme prévu et sans violences ni heurts, démontrant ainsi 
la maturité des citoyens sénégalais.
  
         
 En juin 2011, le Président WADE, perdant son
    sang-froid, à mesure que s’approchait l’échéance fatidique des 
présidentielles de 2012, faisait adopter en Conseil des Ministres un 
projet de loi constitutionnelle instituant « le ticket
 de l’élection simultanée au suffrage universel du président et du 
vice-président de la République » et permettant au ticket venant en tête
 de l’élection et réunissant
    au moins 25% des suffrages exprimés de remporter la compétition 
électorale, ce qui équivalait, de fait, à la suppression du deuxième 
tour de l’élection présidentielle. Cette tentative de ″coup
    d’Etat constitutionnel″ était une reconnaissance objective, par le 
président WADE de ce que les élections locales avaient déjà montré, à 
savoir que le PDS était devenu minoritaire. Cette
    forfaiture constituait un jalon de plus vers la dévolution 
monarchique du pouvoir à un héritier, que WADE envisageait de se 
choisir. Mais le peuple souverain opposera une fin de recevoir
    catégorique à cette grossière tentative d’escroquerie politique, en 
cette mémorable journée du 23 juin 2012, en sommant les libéraux de 
choisir entre des
    élections (pacifiques) ou une explosion sociale.
  
Après la journée historique du 23 juin 2011, le camp libéral, au lieu de tenter de dénouer cette crise
    politique majeure et inédite depuis mars 2000, persistait dans le déni de la réalité et un entêtement suicidaire.
 Evoquant tour à tour l’effet de
    surprise ou la manipulation d’une jeunesse naïve par des politiciens
 cyniques, ils promettaient de se venger de l’affront que leur aurait 
infligé le peuple souverain !
  
En
 vérité, cette atmosphère insurrectionnelle, venant après la défaite 
politique subie par les libéraux, lors
    des élections locales de mars 2009, ne faisait que traduire le 
ras-le-bol du peuple sénégalais devant tous les abus subis pendant les 
onze dernières années.
  
Le
 président WADE, traumatisé par la révolte citoyenne du 23 juin 2011, 
s’était littéralement emmuré dans son palais
    pendant trois semaines. Ceux qui espéraient, qu’au sortir de sa 
retraite, il allait revenir à la raison, poser des actes majeurs, comme 
le limogeage de ses ministres controversés, sa propre
    démission ou la renonciation à un troisième mandat, vont vite 
déchanter. Ce 14 juillet allait désormais symboliser le ″jour
 du Grand Reniement″
    pour Abdoulaye Wade, qui en postulant pour un troisième mandat 
reniait sa déclaration publique faite au lendemain des présidentielles 
de 2007, devant toutes les télévisions du monde et dans
    laquelle il avait confirmé, qu’il entamait son deuxième et dernier 
mandat. Il ira jusqu’à défier l’Opposition, en proposant l’organisation 
d’élections anticipées. En réponse au discours
    provocateur d’un tyran en fin de règne, certains secteurs de 
l’opinion lui posent la question suivante : élections anticipées ou retraite
    anticipée.
  
Goodbye Ablaye comme d’autres auraient dit Goodbye
    Lénine ! Il est venu le temps des adieux, monsieur le Président !
  
La
 journée du 23 juillet 2011 était attendue autant par le pouvoir libéral
 que par l’Opposition. Elle
    intervenait, en effet, juste un mois après la fameuse journée du 23 
juin 2011, au cours de laquelle, le peuple mobilisé devant l’Assemblée 
Nationale avait contraint le régime wadiste à battre en
    retraite. Il s’agissait, donc, de savoir, surtout après la mise sur 
pied du Mouvement du 23 Juin (M23) matérialisant la jonction des partis 
politiques de l’Opposition avec le mouvement citoyen et
    les organisations de la société civile, s’il s’agissait d’un simple 
accident de parcours comme semblait le croire Me WADE ou d’une lame de 
fond dans le processus de prise de conscience
    citoyenne.
  
C’est
 durant le meeting libéral à la VDN, que le Président WADE, après avoir 
tergiversé sur
    l’opportunité de limoger le Ministre de l’Intérieur, va finalement 
décider d’ériger la Direction des Elections en ministère autonome.
  
 Au
 fur et à mesure que l’inéluctabilité de la défaite du camp libéral 
apparaissait même
    aux yeux des observateurs politiques les moins avertis, les partis 
d’opposition vont dévoiler au grand jour leurs appétits de pouvoir. 
Devant la scission du regroupement originel en 1puis 2 puis
    3 Bennoo (s), on en était à se demander : pour qui sonne le glas ?
 Malgré l’accord historique  du 28 mai 2011 sur la Candidature de
    l’Unité et du Rassemblement, scellé par une trentaine 
d’organisations politiques, les leaders de Bennoo Siggil Senegaal, vont 
avoir beaucoup de mal à s’entendre sur les critères de choix du
    candidat unitaire de l’Opposition. Paradoxalement, ce furent des 
personnalités ou organisations se réclamant de la gauche, qui seront les
 premières à fragiliser la dynamique unitaire, ce qui ne
    sera pas sans conséquences sur l’issue finale des élections 
présidentielles de 2012, remportées précisément par l’un des candidats 
les plus sceptiques vis-à-vis de la candidature
    unitaire.
  
         
 Le découragement gagnait de plus en plus les militants
    de l’Opposition, quant à la réalisation de la Candidature de l’Unité
 et du Rassemblement au sein de Bennoo originel. Ils clamaient haut et 
fort que Bennoo
    ne saurait servir de tremplin à des politiciens réformistes, 
qui semblaient perdre de vue les objectifs politico-institutionnels 
(notamment l’application des conclusions des Assises
    Nationales) visés par la large Coalition regroupant les partis de 
gauche, les organisations de la société civile et le mouvement citoyen 
et dont la compétition électorale ne recouvrait que
    certains aspects. Néanmoins, il apparaissait de plus en plus 
clairement, qu’au-delà des contingences bassement électoralistes, il 
allait être très difficile pour tout pouvoir issu des prochaines
    élections  de faire fi des acquis engrangés par le peuple 
sénégalais, en matière de prise de conscience citoyenne.
 
  
Au
 fur et à mesure qu’approchaient les élections présidentielles de 
février 2012, les évènements s’accéléraient. Recevant une
    délégation d’hommes politiques, le mercredi 21 décembre 2011, le 
cardinal Théodore Adrien SARR mettait en garde la classe politique 
sénégalaise. Pour lui, il n’était pas impossible, que ce qui
    était arrivé en Côte d’Ivoire puisse se produire au Sénégal. 
Ragaillardi par l’incapacité de Bennoo Siggil Senegaal à trouver un 
candidat unitaire, le président Wade et les forces occultes, qui
    le soutenaient, vont dérouler leur feuille de route. C’est ainsi que
 l’investiture du non-candidat Wade sera retenue pour le Vendredi 23 
décembre 2011. La veille, des groupes de nervis répartis
    dans plusieurs véhicules supposés appartenir au PDS, se rendirent 
chez des leaders de l’Opposition, en l’occurrence Abdoulaye Bathily et 
Moustapha Niasse, qu’ils mirent en garde et menacèrent
    publiquement. Ensuite, ils iront agresser la mairie de 
Mermoz-Sacré-Cœur, où ils rencontreront une farouche résistance, qui se 
terminera par un lourd bilan : la mort de Ndiaga Diouf et
    plusieurs blessés graves. Devant tant de cynisme de la part du 
pouvoir libéral, qui était l’initiateur et le principal instigateur de 
la violence politique, il était permis de se poser la
    question suivante :″Après Ben Ali, Moubarack et Kadhafi, à qui le tour ?″. Interrogation, qui ne semblait pas être du goût de certains
    proches alliés du pouvoir, membres de la CAP21.
  
         
 Le ton va monter ! Le Conseil Constitutionnel
    devait bientôt délibérer sur la validité de la candidature du 
président sortant, Abdoulaye WADE. Le M23 multipliait les manifestations
 pacifiques à Dakar et dans les villes de l’intérieur. Nul
    doute que des tendances, sinon fascisantes, du moins extrêmement 
autoritaires commençaient à apparaître au sein de la galaxie libérale. 
Allons-nous vers…le troisième Reich sénégalais, s’interrogeaient certains observateurs ?
  
La
 question du boycott des présidentielles, en cas de participation du 
non-candidat WADE, commençait à effleurer les
    esprits. Les révolutionnaires romantiques se mettaient à rêver du 
Grand Soir, de la transformation du processus électoral en dynamique 
insurrectionnelle. Mais il semblait bien, encore une fois
    que les citoyens sénégalais, si peu écoutés par leur élite 
politique, avaient d’autres solutions à faire prévaloir, qui soient plus
 conformes à notre histoire politique et à nos traditions
    démocratiques. Par dépit de n’avoir pu empêcher la validation, le 27
 janvier 2012, de la candidature anticonstitutionnelle, illégale et 
illégitime du président Abdoulaye Wade, la jeunesse
    sénégalaise va le déclarer ″mort″ dans un refrain, qui tout en étant
 empreint d’humour, n’en traduisait pas moins une réalité tangible. Le 
héros du 19 mars 2000 pouvait bien être considéré comme
    étant symboliquement mort, rattrapé par l’absence d’éthique et 
d’idéal. Aussi mort que Lumumba, Sankara, Che Guevara continuent de 
vivre parmi nous et de nous inspirer chaque jour
    davantage ! C’est bien pour cela que pour les électeurs sénégalais, il y avait 13 candidats et …un fantôme !
Jamais
 campagne électorale n’aura été aussi mouvementée ! En lieu et place des
 débats programmatiques, le peuple
    sénégalais a eu droit à des émeutes sauvagement réprimées, avec à la
 clé, une dizaine de morts. Les alliés de Wade, soucieux avant tout de 
conserver les privilèges indus, qu’ils avaient acquis à
    l’ombre tutélaire de leur mentor peu scrupuleux, n’osaient lui dire 
la vérité et se faisaient ainsi complices d’une dictature rampante. 
Certaines forces maraboutiques connues pour leur amour
    immodéré pour les voitures 4 X 4, les passeports diplomatiques et 
les mallettes d’argent se réfugieaient derrière la célébration de fêtes 
religieuses pour prêcher le fatalisme et la soumission au
    décret – non pas divin -, mais wadien, par l’acceptation du verdict 
illégal d’un Conseil Constitutionnel accusé d’être corrompu.
  
La
 mort glorieuse, dans des circonstances tragiques et hautement 
symboliques de Mamadou Diop, citoyen modèle devenu martyr
    sacré de la cause du M23, symbolise au mieux cette phase historique 
dans la lutte du peuple sénégalais vers la restauration des valeurs 
républicaines, dans le droit fil des conclusions des
    Assises Nationales visant la refondation institutionnelle.  
Et les patriotes de s’écrier en chœur : ″Tolérance zéro pour les dérives fascistes″, lançant ainsi un appel à toutes les forces démocratiques de bouter dehors le Monstre et sa clique, pour empêcher, coûte que coûte un troisième mandat du Président WADE.
Et les patriotes de s’écrier en chœur : ″Tolérance zéro pour les dérives fascistes″, lançant ainsi un appel à toutes les forces démocratiques de bouter dehors le Monstre et sa clique, pour empêcher, coûte que coûte un troisième mandat du Président WADE.
A
 trois jours du scrutin présidentiel, l’Opposition dans toute sa 
diversité, n’arrivait
    toujours pas à accepter le diktat du président Wade, appuyé par un 
Conseil Constitutionnel et des forces de répression aux ordres. Non 
content d’imposer sa candidature illégale, il empêchait aux
    candidats des partis d’opposition de battre campagne dans certaines 
parties du département de Dakar (notamment, la mythique Place de 
l’Indépendance).
Reconnaissons humblement que le leadership des différentes Coalitions de l’Opposition aura été déficient, que la
    riposte à l’arbitraire du régime libéral n’aura été ni coordonnée ni harmonisée et que notre pays semblait s’acheminer vers l’ingouvernabilité.
    Pendant que certains tenaient coûte que coûte à braver l’interdit 
qui pesait sur les manifestations à la Place de l’Indépendance, 
d’autres, dont l’actuel locataire du palais présidentiel, que
    certains qualifiaient de ″déserteurs″, déroulaient tranquillement 
leur campagne électorale, en se disant que la meilleure façon de 
neutraliser la candidature de Wade était de le battre
    électoralement. Entre ces deux positions extrêmes, il y a eu toutes 
les variantes intermédiaires possibles, certaines coalitions procédant 
même à une division du travail au sein de leur équipe,
    entre la campagne électorale classique et les manifestations de rue.  
Enfin,
 les Etats-Unis et l’Union Européenne, qui semblaient avoir déjà misé 
sur certains candidats
    réformistes avaient des positions ambiguës, que ne pouvait justifier
 la seule inquiétude à propos de la sécurité de leurs ressortissants. 
C’est ainsi que, malgré toutes ces menaces qui pesaient
    sur le scrutin, les acteurs politiques, rejetant la médiation 
d’Obansanjo, engageront la bataille finale. 

 Une fois encore, le peuple 
sénégalais déjoua tous les pronostics annonçant une situation
    post-électorale apocalyptique. L’autocrate autiste, qui pendant des 
mois avait tenu en haleine son peuple et l’opinion internationale est 
défait, sans coup férir. Personne ne parierait plus un
    sou troué sur sa victoire au deuxième tour. Certains rugissaient : ″Chassez l’intrus″
  
La
 classe politique, trop occupée dans ses repositionnements autour du 
nouvel homme fort, ne se rendait
    pas compte, qu’en avalisant le résultat du scrutin, elle réduisait 
la portée de toute la dynamique citoyenne, qui a accompagné la lutte 
contre le troisième mandat de Wade.
  
De
 fait, la Coalition Bennoo Bokk Yakaar, allait se constituer sans aucune
 garantie programmatique. Quelques voix, vite
    étouffées, tentent d’alerter les forces de gauche, qui déjà en 2000,
 avaient été abusées par le président WADE, afin qu’ils puissent avoir 
leur propre agenda politique et cessent de privilégier
    l’alliance à tout prix  avec des partis de la mouvance 
socio-démocrate ou d’obédience libérale sur l’élaboration d’une 
véritable plateforme de gauche.
  
            Face à la quasi-certitude de
    la victoire de Macky SALL, on pouvait se permettre de spéculer sur les perspectives après la défaite du camp libéral.
 La plupart des leaders de la nouvelle Coalition présidentielle Bennoo 
Bokk Yakaar, étaient devenus beaucoup moins critiques par rapport aux 
méfaits
    du présidentialisme obsolète, d’autant qu’ils s’entendaient bien – 
du moins, à ce moment là - avec le nouveau locataire du palais de 
l’avenue Léopold S. Senghor. Ils vont donc s’inscrire
    résolument dans la perspective de gestion concertée du pouvoir avec 
un président de la République, qui ne semblait pas faire de la 
refondation institutionnelle, une de ses principales
    préoccupations. Pourtant, ces hommes politiques avaient passé près 
d’une année, lors des Assises Nationales à théoriser une nouvelle 
gouvernance et s’étaient ensuite engagés, aux côtés du
    mouvement citoyen et des organisations de la société civile dans la 
révolution citoyenne, qui avait finalement eu raison de la folie 
destructrice de l’ancien homme fort du régime libéral,
    laquelle révolution était loin d’être terminée, car n’ayant même pas
 encore commencé.
  
 QUATRIEME PERIODE : A PARTIR DU 25 MARS 2012, LE TEMPS DES RUPTURES
    ATTENDUES
  
         
 Les craintes déjà perceptibles et exprimées dans
    l’entre-deux tours, se traduisant par la mise en place d’une large 
″Coalition de la Victoire″, sans véritable programme commun alternatif 
vont se confirmer, dès les premières mesures du nouveau
    pouvoir.
  
C’est
 ainsi que le président Macky SALL va opter pour le maintien du Sénat,
    désigner une personnalité éminente de son parti comme ministre de 
l’Intérieur et continuer, comme son ex-mentor, à cumuler sa fonction 
présidentielle avec celle de secrétaire général de l’APR.
    Autant dire que, du point de vue des Assises Nationales, la transition semble mal engagée.
 Seule la jeunesse fougueuse et dynamique du M23 ainsi que
    quelques chroniqueurs d’un certain âge, mais toujours vigilants et 
infatigables, trouvent encore la force de relever les dérives du nouveau
 pouvoir baignant dans un unanimisme béat. C’est dire
    que le processus de matérialisation des conclusions des Assises 
nationales, auxquelles, le nouveau président – pour des raisons 
tactiques – n’a toujours pas renoncé, semble
    hypothéqué.
  
Les
 législatives de juillet 2012 pointent à l’horizon. Non seulement, elles
 n’ont pas été différées, comme le
    préconisait le programme de transition de Bennoo Siggil Senegaal, ne
 serait-ce que pour revoir un mode de scrutin obsolète et injuste, mais 
encore elles vont se tenir sur la base de ce dernier ,
    en maintenant la parité populiste et démagogique initiée par la 
précédente majorité libérale, pour séduire l’électorat féminin et mettre
 les Coalitions concurrentes dans l’embarras. Par ailleurs,
    au moment où le règlement des urgences sociales et la refondation 
institutionnelle s’imposent comme plateforme incontournable à toutes les
 forces politiques désireuses d’œuvrer pour le bien-être
    des Sénégalais, les observateurs impartiaux et désintéressés se 
demandent ″Quel programme pour Bennoo Bokk Yakaar ?″
  
C’est
 la désillusion pour tous ceux qui, à travers l’organisation des Assises
 nationales, l’historique
    journée du 23 juin 2011 et les manifestations épiques du M23, avec 
sa cohorte de morts et de blessés avaient cru à l’émergence d’un nouveau
 Sénégal. Ils espéraient, au-delà de la défaite du
    régime libéral, l’instauration d’une nouvelle République plus 
soucieuse des valeurs républicaines. Or, tous les gestes posés par le 
nouveau pouvoir néolibéral, spécialement en direction des
    élections législatives traduisaient une fébrilité et un pragmatisme,
 qui ne pouvaient objectivement pas s’embarrasser d’accords 
programmatiques pour aller résolument vers les ruptures tant
    attendues par le peuple sénégalais. Assurément, Bennoo Bokk Yakaar 
semblait privilégier l’approche pragmatique sur l’approche programmatique.
  
Les observateurs notent une forte abstention lors des premières
    élections législatives de l’ère Macky SALL, traduisant le 
manque d’enthousiasme populaire suscité par le nouveau pouvoir. Y ont 
contribué l’absence de lisibilité de la démarche politique de
    la Coalition Bennoo Bokk Yakaar, les frustrations occasionnées au 
sein des partis alliés par le mode de désignation des candidats, (très 
souvent laissé à l’appréciation discrétionnaire des
    principaux dirigeants) et surtout l’absence de progrès ou tout au 
moins de signaux forts sur les questions liées à la demande sociale et à
 la bonne gouvernance.
  
Décidément,
 le mois d’Août est celui, au cours duquel, le peuple sénégalais vit 
toujours les plus grandes
    souffrances ! C’est le mois des inondations, de la chaleur torride, 
des délestages, de la soudure. Et il se trouve, très souvent, que c’est 
la période où nos gouvernants sont en vacances,
    loin de notre « enfer tropical ». Il en a toujours été ainsi depuis 
Senghor et cela a été le cas, cette année, malgré l’inextinguible soif 
de rupture des sénégalais.
  
Il est vrai, qu’au cours de l’hivernage 2005, année du fameux plan Jaxaay, le président WADE avait essayé
    d’interdire à ses ministres de prendre leurs congés, durant le mois d’Août.
  
Devant
 l’exacerbation de la crise sociale avec la multiplication des crimes 
gratuits et de terribles
    accidents de la circulation, le désespoir gagne de plus en plus les 
masses populaires qui se demandent, avec une profonde anxiété, s’il 
était possible  de conjurer l’apocalypse imminente.
Le
 président Macky Sall et sa grande coalition, qui compte de remarquables
 hommes politiques, commencent à
    perdre leur désinvolture passagère, certainement liée à l’euphorie 
de la victoire de mars 2012. Les choses commencent enfin à bouger ! Le 
29 août 2012, interrompant un séjour privé en
    Afrique du Sud, le président Macky Sall, devant l’ampleur des 
inondations, déclare vouloir proposer aux députés de sa majorité, la 
suppression du Sénat, ramant à contre-courant des positions de
    ses propres camarades de parti. Deux mois après, c’est au tour du 
gouvernement de subir une mue, avec un remaniement ministériel, qui 
consacre le limogeage du Ministre de l’Intérieur, membre
    éminent du parti présidentiel et l’éviction de quelques autres 
cadres émérites de l’APR de leurs responsabilités gouvernementales. 
Selon le premier ministre Abdoul Mbaye  ″Il nous faut
    renforcer l’efficacité des actions du gouvernement en privilégiant 
la compétence″. Autant de signaux certes positifs mais insuffisants, 
qui, ont pu démontrer aux Sénégalais, qu’il restait encore
    assez de marge de manœuvre au Président pour conduire les ruptures 
tant attendues, si tant est qu’il en ait encore la volonté politique.
  
Il ne fait aucun doute, qu’après le remaniement, il s’agit d’aller résolument vers la rupture
    véritable, pour le plus grand bonheur du peuple sénégalais.
  
               CONCLUSIONS 
  
Il
 s’est agi, aussi bien en 2000 qu’en 2012, lors des alternances 
démocratiques au sommet de
    l’Etat, d’initier des politiques de rupture concernant non seulement
 les enjeux démocratiques et institutionnels mais également  les 
questions ayant trait à la demande sociale.
  
C’est
 pour cela, que le PIT-Sénégal, lors de son cinquième congrès tenu à 
Thiès, a adopté une résolution, en
    date du 23 Mai 2010, dans laquelle un appel solennel a été lancé à 
tous les Partis, Mouvements de la Société Civile, et Personnalités qui 
se réclament de la  gauche marxiste et nationaliste
    panafricaine, à se retrouver dans une Grande Confédération des Forces  de Gauche.
 La nécessité de l’unité
    de la Gauche sénégalaise sera réaffirmée lors du premier congrès du 
Rassemblement des travailleurs africains/Sénégal (Rta/S) qui s’est tenu 
du 9 au 10 avril 2011, à Dakar. Yoonu Askanwi pense que
    l’unité de la gauche est un impératif politique  pendant que pour 
Alla Kane de l’ORDC,  la Gauche sénégalaise souffre d’au moins deux 
maladies à savoir la division et le manque de
    liaison avec le peuple. Est-ce cela, qui explique qu’elle n’ait pas 
réussi à « peser de tout son poids pour obtenir, avant le deuxième tour 
de l’élection présidentielle de 2012, un accord
    politique clair et précis avec le candidat Macky Sall, pour répondre
 aux revendications fortes de la nouvelle citoyenneté par le référendum 
sur la nouvelle constitution et par
    l’institutionnalisation de la Charte de gouvernance démocratique ». 
Nul ne peut contester le rôle central joué par la gauche sénégalaise 
dans les deux alternances démocratiques de 2000 et
    2012, en termes de réflexion et de luttes, aussi bien pour le 
programme de la CA 2000, puis du Front pour l’Alternance que pour la 
mise en œuvre des Assises nationales suivie de la mise en place
    du M23, même si les bénéfices politiques ont toujours profité à 
d’autres forces politiques.
  
Il
 est donc plus que temps, pour les forces de gauche, d’œuvrer pour 
l’extension des principes et normes de
    bonne gouvernance au sein des partis de gauche eux-mêmes et des 
organisations de masse, de se battre pour un Code électoral plus juste 
et de travailler pour une alternative véritable, au profit
    des couches populaires, en alliance avec les forces citoyennes 
émergentes. Cela permettra à ces partis de gauche, à défaut d’accéder 
eux-mêmes aux  responsabilités, de peser de manière plus
    significative sur les politiques mises en œuvre par les 
gouvernements de la République.
  
SOMMAIRE
  
DÉDICACES
SOMMAIRE
  
A) EN GUISE DE PRÉFACE
  
B) AVERTISSEMENT DE
    L’AUTEUR
  
C) PREMIÈRE PÉRIODE DE MARS 2000 A FÉVRIER 2007: DU PARTI-ÉTAT SOCIALISTE AU PARTI-ÉTAT LIBÉRAL, LE TEMPS DES RENIEMENTS
  
1. RISQUES DE ″HOLD-UP″ SUR L'ALTERNANCE!
  
2. ALLIANCE STRATÉGIQUE DU FAL: SUR QUELLE BASE?
  
3. ENTRE LE MARTEAU LIBÉRAL ET L'ENCLUME SOCIALISTE
  
4. UNE MAJORITÉ ÉCRASANTE MAIS PRÉCAIRE!
  
5. TRANSITION VERS LA “POST-ALTERNANCE” OU LE DÉPASSEMENT DE L’ALTERNANCE
  
6. MÉTÉOROLOGIE POLITIQUE (CONSENSUS FÉTIDES)
  
D) DEUXIÈME PÉRIODE: DE LA ″VICTOIRE ÉLECTORALE″ DES LIBÉRAUX EN MARS 2007 A LEUR DÉFAITE
    POLITIQUE EN MARS 2009, LE TEMPS DES ASSISES
  
1. ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2007 : VOLS DE NUIT
  
2. SÉNÉGAL: UN SOMMET ISLAMIQUE ET UN ABIME SOCIAL SANS FIN
  
3. ASSISES NATIONALES : CHANTS DE LIBERTÉ
  
4. LOCALES 2009: VERS LA DÉFAITE POLITIQUE DE LA « DYNASTIE » DES WADE
  
5. LOCALES 2009 : SE METTRE A LA HAUTEUR DES EXIGENCES POPULAIRES !
  
6. GÉNOCIDE MORAL
  
7. ASSISES NATIONALES ET DIALOGUE (DE SOURDS) POLITIQUE
  
E) TROISIÈME PÉRIODE DU 19 MARS 2011 AU 25 MARS 2012 : LE TEMPS DES RÉVOLTES
    CITOYENNES
  
1. IL FLOTTE COMME UN PARFUM DE JASMIN SUR GALSEN !
  
2. DÉCLARATION NOCTURNE DU MINISTRE DE LA JUSTICE: MENACES SUR LA PAIX CIVILE AU SÉNÉGAL
  
3. ÉLECTIONS OU EXPLOSION SOCIALE?
  
4. UN ENTÊTEMENT SUICIDAIRE!
  
5. DISCOURS DU 14 JUILLET : ÉLECTIONS ANTICIPÉES OU RETRAITE ANTICIPÉE?
  
6. GOODBYE, ABLAYE !
  
7. 1, 2, 3 BENNOO: POUR QUI SONNE LE GLAS?
  
8. ELECTIONS DE 2012: BENNOO NE SAURAIT ÊTRE UN TREMPLIN POUR DES POLITICIENS RÉFORMISTES !
  
9. INVESTITURE DE WADE: APRÈS BEN ALI, MOUBARACK ET KADHAFI, A QUI LE TOUR?
  
10. VERS…LE « TROISIÈME REICH » SÉNÉGALAIS ?
  
11. TREIZE CANDIDATS ET UN FANTÔME !
  
12. SÉNÉGAL: TOLÉRANCE ZÉRO POUR LES DÉRIVES FASCISTES!
  
13. SÉNÉGAL: VERS L’INGOUVERNABILITE?
  
14. DEUXIÈME TOUR DE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE: CHASSEZ L’INTRUS!
  
15. QUELLES PERSPECTIVES APRÈS LA DÉFAITE DU CAMP LIBÉRAL?
  
F) QUATRIÈME PÉRIODE : A PARTIR DU 25 MARS 2012, LE TEMPS DES RUPTURES
    ATTENDUES
  
1. ASSISES NATIONALES: UNE TRANSITION MAL ENGAGÉE?
  
2. QUEL PROGRAMME POUR LA LISTE BENNOO BOKK YAKAAR?
  
3. BENNOO BOKK YAKAAR ET LES LÉGISLATIVES: UNE SIMPLE QUESTION D’APPROCHE
  
4. QUELLES RAISONS POUR L’ABSTENTION MASSIVE LORS DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 1er JUILLET 2012?
  
5. SÉNÉGAL: PEUT-ON CONJURER L’APOCALYPSE?
  
6. APRÈS LE REMANIEMENT, ALLER RÉSOLUMENT VERS LA RUPTURE VÉRITABLE!
  
G) CONCLUSIONS
  
H) ANNEXES
  
1. ANNEXE 1: LE BLOG DE NIOXOR TINE
  
2. ANNEXE 2: AUX TOUS DÉBUTS, EN 2000…
  
3. ANNEXE 3 : DE NIOXOR LY A NIOXOR TINE
  
4 ANNEXE 4: QUELQUES PHOTOS
  































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